La marque à la petite baleine jaune s’est forgée une réputation de firme responsable et innovante avec ses vêtements biologiques. L’accord avec Max Havelaar finalise cette démarche et offre ainsi au consommateur des habits irréprochables d’un point de vue éthique. Dans cette alliance, les rôles sont bien définis. Switcher s’occupe de toute la transformation de la matière première -le coton brut- dont la production est contrôlée par Max Havelaar.

Comme d’autres marchandises, telles que le café ou les bananes, la situation des producteurs de coton s’avère problématique. Cette plante demande une main-d’œuvre importante et ne peut se récolter avec des moyens mécaniques. Sa culture a donc déserté les régions industrialisées et s’est répandue dans les zones où la main-d’œuvre coûte le moins cher. Les producteurs de coton, souvent de petits paysans indépendants, ne possèdent pas les moyens d’influencer le marché international et doivent vendre le fruit de leur labeur à des intermédiaires. Ceux-ci, qui abusent souvent de la situation, achètent les ballots de coton à des prix ne permettant pas aux producteurs de sortir de la misère.

Max Havelaar s’est proposé de changer les choses. Cette entreprise paye un prix fixe pour le coton. Ce tarif ne varie pas sous l’influence du marché, mais sans jamais descendre en dessous de celui-ci, permet de couvrir les frais de production. En plus, elle y ajoute une prime destinée à améliorer les conditions de vie et de travail des communautés. Ce commerce équitable ne concerne pas que le coton. Une multitude d’autres denrées bénéficient du label et leur nombre, comme leur diversité, augmente chaque année.

Il ne faut toutefois pas confondre les notions de produit biologique, dont la récolte ou la fabrication se fait de la manière la plus respectueuse possible de la nature, et équitable, qui ne prend pas forcément en compte la dimension environnementale. Ainsi, la plupart des produits Max Havelaar ne sont pas issus d’une agriculture biologique, bien que la firme ait aussi développé une gamme de produits équitables et bios.

C’est ce coton respectueux de la nature et honnête qui intéresse Switcher. Ensuite, la maison fabrique avec lui des vêtements en respectant un code de conduite durant toutes les étapes de la transformation. La chaîne de production dans son ensemble doit satisfaire à des critères sociaux et environnementaux, dont l’application est contrôlée par des organismes de vérification indépendants. Cette politique a permis à Switcher de recevoir de nombreux prix et de s’illustrer comme une marque responsable aussi bien en Suisse que dans le sous-continent indien.

Comme le montre une étude de Saldo -magazine suisse-allemand des consommateurs- les salaires payés par Switcher sont nettement supérieurs à ceux du reste de la branche textile. Ainsi, une comparaison entre deux tee-shirts, l’un portant la petite baleine jaune, l’autre fabriqué par Nike donne des informations intéressantes. La marque américaine vend son produit à 66 francs suisses sur lesquels 25 centimes seulement servent au payement des salaires. En revanche, le vêtement de Switcher coûte 19 francs dont 2,10 francs de salaire (il s’agit évidemment des salaires des producteurs et des ouvriers d’usine et non ceux des collaborateurs des marques respectives).

Pour l’instant, la gamme de vêtements équitables de Switcher ne compte que quelques articles, mais le processus est lancé et dès le mois d’août l’offre va se diversifier. Pour comprendre un peu mieux la philosophie de cette entreprise qui s’est imposée sur le marché des vêtements en Suisse, nous sommes allés voir Robin Cornélius, le fondateur de l’entreprise dont nous vous proposons l’interview.