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la CoDHA: une autre idée de l'habitat !

Sans but lucratif, la CoDHA, fondée en 1994, rassemble des personnes de la région genevoise souhaitant un autre type d'habitat, une autre qualité de vie, un autre rapport au logement basé sur la participation, la convivialité et la solidarité. Ses objectifs sont de sortir des immeubles du marché immobilier, les remettre en gestion aux habitants sous forme de bail associatif et garantir aux habitants un loyer correspondant aux coûts réels de l'immeuble.

Permanente de la coopérative d’habitation depuis sa fondation, Mme Anne Labarthe, est l’une des co-fondatrices du projet et accepte de nous en dire un peu plus sur les buts et le mode de fonctionnement de cette coopérative.


NiceFuture : Quelle est la motivation première qui pousse les gens à s’associer pour former un groupe de futurs habitants ?

Anne Labarthe : Souvent un projet coopératif démarre par la formation d’un groupe d’amis qui partagent le même désir de vivre ensemble et former ainsi une sorte de petite communauté dans le but de développer un style de vie plus agréable basé sur l’entraide et de briser l’anonymat qui existe dans les immeubles locatifs dits traditionnels. Cependant, souvent ces personnes baissent les bras devant les nombreuses difficultés qu’elles rencontrent : il faut trouver un terrain, obtenir des permis pour construire etc. La montagne de travail administratif décourage bien souvent les gens. La CoDHA a donc été créée comme outil pour aider les personnes qui souhaitent vivre ce mode de vie. Ces personnes viennent nous voir et nous soumettent leur projet. Elles décident de devenir des coopérateurs à part entière et nous, en échange, on s’engage à les aider en trouvant un terrain pour construire ou en achetant l’immeuble dans lequel elles iront habiter. On se charge de tout ! En d’autres termes, la coopérative est propriétaire de l'immeuble et c'est elle qui est responsable de la gestion globale de l'opération (achat, banques, travaux, etc.) en étroite collaboration avec l'association des habitants. Le contrat de location de l'immeuble se fait entre la CoDHA et l'association d'habitants sous forme de bail associatif. L'association signe ensuite un bail avec chaque appartement et prend en charge la gestion courante de l'immeuble.
Il y a bien sûr d’autres éléments qui poussent les gens à vivre au sein d’une coopérative. En effet, ce mode d’habitation offre des logements à très bon marché puisque les membres paient, en guise de loyers, des droits d'occupation mensuels qui correspondent aux coûts d'exploitation réels. Ces frais augmentent seulement si les coûts augmentent aussi. De même, une sécurité d’occupation à long terme est assurée et ce sont les locataires eux-mêmes qui vont prendre en charge leur milieu de vie. Une coopérative d’habitation est une forme d’habitation gérée par ses membres, autrement dit, par ses résidants. Une liberté exceptionnelle leur est donc accordée dont ils ne pourraient jouir par une location traditionnelle.

NF : Quel est le niveau social des membres de la coopérative? Est-ce que sont forcément des gens à faible revenu?

A.L. : Non, pas forcément. Nos coopérateurs sont de tous les âges et de tous les milieux. Il y a des retraités, des familles, des étudiants, des gens à faible revenu et d’autres à revenu élevé. Ce qui fait d’ailleurs la richesse de ces îlots d’habitation c’est l’hétérogénéité de ses locataires. En outre, la CoDHA a choisi de créer des logements subventionnés pour tous les droits de superficie qui nous sont accordés. Cependant, nous avons choisi la « subvention habitation mixte » qui permet dans un même immeuble d’avoir des locataires de revenus très différents puisque la subvention est accordée selon le niveau salarial. C’est-à-dire que les personnes qui ont un faible revenu bénéficieront d’une importante subvention et celles qui ont un revenu élevé n’en n’auront pas. Ce choix a été réfléchi et conçu dans le but justement d’éviter une « ghettoïsation » des coopérateurs selon leur niveau de vie.

Pour avoir un ordre de grandeur, les 5 pièces sont à 1'100.- et les 6 pièces à 1'500.- pour les personnes jouissant de la subvention maximale. Pour celles à revenu élevé, les 5 pièces sont à 1'700.- et les 6 pièces à 2'100.- Ce qui reste tout de même très raisonnable par rapport aux prix pratiqués aujourd’hui. 

NF : La CoDHA est une coopérative à but non lucratif, pouvez-vous nous dire comment et dans quoi est donc réinvesti l’argent perçu par les loyers ?

A.L. : Les locataires paient des loyers mais versent aussi des fonds propres pour obtenir le financement bancaire nécessaire à la concrétisation du projet. Cependant, cette propriété collective n'implique pas un investissement monétaire énorme. Elle représente 5 à 10% du coût total de l’opération. Les fonds propres seront remboursés au coopérateur lorsque celui-ci décidera de s’en aller et seront remplacés par ceux du nouvel arrivant. Ce sont les loyers et les parts sociales qui s’élèvent à 100.- qui servent principalement au remboursement contracté à la Banque Alternative pour l’acquisition de l’immeuble. Sur la question financière, nous faisons preuve d’une totale transparence envers nos coopérateurs.

NF : De manière plus spécifique, j’ai vu que les nouvelles constructions de la CoDHA comprennent des options écologiques, pouvez-vous nous en parler un peu plus ?

A.L. : On a décidé de suivre et d’appliquer des principes écologiques pour toutes nos nouvelles constructions. Elles doivent répondre aux critères établis par le label Minergie. Le but est de mettre l’accent sur les énergies renouvelables tout en diminuant la consommation d’énergie non renouvelable. Pour ce faire, une isolation thermique particulière des bâtiments est nécessaire pour éviter les déperditions de chaleur et un système interne de récupération de l’énergie est installé dans chaque bâtiment construit. L’eau chaude, quant à elle, sera préchauffée par des panneaux solaires installés sur les toits. Tout cela et bien d’autres choses permettent de diminuer la consommation d’énergie. On porte aussi une attention toute particulière aux matériaux utilisés et au revêtement qui ne doivent pas être polluants. Il y a évidemment un surcoût mais il est amorti par la facture des charges qui est souvent divisée par deux voire trois.

NF : Quels sont vont projets ? Pensez-vous faire prochainement de nouvelles acquisitions ?

A.L. :
En 2006, on devrait entreprendre un projet aux Grottes, sur un terrain remis à la CoDHA en droit de superficie par la ville. Ce projet prévoit la construction d’un bâtiment pouvant accueillir une dizaine de logements.


Pour en savoir plus sur la coopérative d’habitation « la CoDHA »: www.codha.ch
Pour en savoir plus sur le label Minergie : www.minergie.ch

Béatrice Reitano
[03/12/2005]



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