NiceFuture : Vous venez de rejoindre Céline Eidenbenz, Carl Magnusson et Thomas Tixhon pour donner une nouvelle orientation à la galerie Basta à Lausanne. Quelle sera la particularité de cette galerie ? Comment allez-vous travailler ?
Léonore Veya et Delphine Wagner : Notre galerie est une petite structure associative à but non lucratif basée sur le bénévolat. Elle est dévolue à la jeune création dans ses multiples expressions (peinture, dessin, photographie, installation, vidéo, son, performance, architecture). En ce qui concerne la programmation de manière plus concrète, nous avons choisi de travailler sur des projets annuels, ce qui nous permet de la rendre plus "percutante", plus affirmée aussi.
Pour l’année à venir, nous avons programmé un cycle d’expositions consacré à l’espace de la galerie. Il s’agira donc pour les artistes invités de faire une proposition spécifique en fonction du lieu, de le revisiter, le repenser. Les différentes interventions seront documentées par la photographe Graziella Antonini en vue d’une présentation et d’une publication finales. Ainsi, le fait de concevoir un projet sur une année nous permet d’organiser une exposition en différents volets, en différé en quelque sorte, et ce n’est qu’en avril 2005 que nous saurons exactement de quoi elle sera faite.

NF : La galerie se situe sous la librairie Basta, quel lien avez-vous avec elle ?
L.V. et D.W. : Aucun, notre espace est indépendant du leur, bien que nous partagions le même toit.

NF : Votre première exposition débute le jeudi 6 mai. Vous avez invité Stéphane Cruko, de quoi sera faite cette exposition ?
L.V. et D.W. : Cette exposition est une installation intitulée Fact + Fiction. Nous avons choisi cet artiste puisque sa démarche est en adéquation avec le projet mis en place cette année. En effet, ses installations alliant différentes formes de création composent des espaces tridimensionnels. L’installation qu’il présente se compose d’une peinture de grand format, d’un immense monolithe et de membranes diffusant des sons discrets. Ces quelques éléments minimalistes suscitent une atmosphère, un paysage. L’espace de la galerie devient alors un décor où naît une amorce d’histoire. La fiction reste à imaginer.

NF: A votre avis y a t-il une 'NiceFuture Attitude' chez les jeunes créateurs d'aujourd'hui ?
L.V. et D.W. : Difficile de répondre à cette question, puisque nous appréhendons ce qu’ils font avec d’autres critères. En revanche, ce que nous constatons, c’est qu’il y a chez eux un réel et permanent questionnement de la société, de ses valeurs, de ses images, des médias... Souvent, les problématiques qu’ils soulèvent dans leurs travaux sont d’ordre politique, sociologique ou écologique. Par exemple, à travers la figuration ou l’utilisation du corps, ils peuvent aborder à la fois la sexualité, la question des genres, de l’égalité ou du racisme. Tous les thèmes de la société contemporaine se retrouvent à notre avis dans les questionnements des jeunes artistes actuels. Qu’ils répondent ou effleurent la question, ils ne sont jamais coupés de notre environnement.

Stéphane Cruko Fact + Fiction
Du 6 mai au 7 juin 04 à la galerie Basta, rue du Petit-Rocher 4 à Lausanne.
Du mardi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 18h, samedi de 9h à 16h.
Vernissage jeudi 6 mai à 18h.