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Actionnariat et responsabilité sociale : la démarche citoyenne d’ACTARES.

Le système économique capitaliste tend à soumettre les entreprises à la terrible pression des grands actionnaires : la création de valeur constitue l’unique impératif. Des poches de résistance subsistent pourtant ici et là. L’association ACTARES – Actionnariat pour une économie durable – regroupe plus d'un millier de membres privés et une vingtaine d’actionnaires institutionnels (Swissaid, Caritas, le syndicat UNIA, etc.). Tous sont convaincus de la nécessité de contribuer au développement d’une économie au service des êtres humains et respectueuse de l’environnement.

ACTARES est née en mars 2000 de la fusion des deux associations suisses d’actionnaires : la Convention des actionnaires de Nestlé (CANES) et l’Association des actionnaires critiques de l’UBS. Sa démarche se fonde sur le postulat que toute entreprise est un élément de la société et qu’à ce titre, elle a une incidence sur de nombreux autres partenaires. Elle ne peut alors éluder son rôle citoyen et la responsabilité qui en découle. Persuadés de la nécessité d’inciter les entreprises à orienter leurs activités dans le sens d’une économie et d’un développement durable, les membres d’ACTARES s’efforcent de promouvoir l’exercice de cette responsabilité, par l’usage des droits liés aux actions qu’ils possèdent. Mais quels moyens ont-ils à leur disposition pour faire entendre leur voix, face à des directions d’entreprises pas vraiment disposées à les entendre ?

Depuis le printemps 2001, ACTARES est entrée en contact avec un certain nombre d'entreprises suisses cotées en bourse pour les inciter à plus de transparence dans les domaines du social et de l'environnement. Parfois ce contact s'est fait lors d'une intervention en assemblée générale, parfois par un échange téléphonique avec les dirigeants de l'entreprise. Parfois aussi, il s'est limité à un échange épistolaire. Dans la plupart des cas, il a débouché sur un dialogue constructif.

Généralement, la première étape consiste pour ACTARES à exiger des entreprises qu’elles leur fournissent des informations sur leurs activités à la lumière de la notion de durabilité. « Pour nous, la durabilité se mesure selon trois critères : l’environnement, le social et l’économique. Les trois sont complémentaires », explique Roby Tschopp, secrétaire exécutif d’ACTARES. Une fois cette étape franchie, si certains points restent obscurs, l’association demande des éclaircissements aux entreprises concernées. « Ce n’est pas toujours facile, certaines directions n’ont aucune conscience des droits des actionnaires, surtout lorsque ceux-ci sont minoritaires », reconnaît Roby Tschopp. Pourtant force est de constater que le nombre de grandes entreprises publiant des rapports détaillés sur leur gestion environnementale est en constante augmentation. Même si ces rapports restent de qualité inégale… La pression exercée par des associations telles qu’ACTARES, sans l’expliquer entièrement, contribue certainement à cette prise de conscience.

ACTARES cherche aussi à influer sur les décisions prises en assemblée générale, par l’exercice des droits de vote qu’elle détient, ou qui lui sont délégués par ses membres. Jusque à aujourd’hui, le vote s’effectuait selon les positions édictées par la fondation Ethos. Mais depuis peu, ACTARES définit ses propres directives de vote : représentant majoritairement des actionnaires privés, elle peut se permettre des positions parfois plus radicales que celles prônés par Ethos. « Il ne faut pourtant pas s’imaginer que cela fonctionne comme une votation populaire. Nous en sommes encore très loin. Beaucoup de gros investisseurs institutionnels, à l’image des caisses de pension, votent systématiquement selon les consignes édictées par la direction, et leur poids est énorme. En fait, nous ne représentons souvent que quelques pour_mille du nombre total de voix. Mais cela suffit parfois pour obtenir de bons résultats», assure Roby Tschopp .

Adeptes d’une approche pragmatique, les membres d’ACTARES ont fait le choix d’accepter les règles du jeu capitaliste. Un choix qui ne les empêche pourtant pas de se battre en faveur d’une conduite sociale et environnementale responsable, plutôt que de défendre la seule valeur financière de leur portefeuille. Alors même si ce type de mouvement reste encore largement minoritaire, on peut espérer qu’une vraie dynamique s’est enclenchée. Pour le bien de la planète comme celui de ses habitants.

David Castella


[10/03/2009]

Liens externes
Pour plus d’information, consulter les communiqués de presse d’ACTARES sur www.actares.ch


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