1. Par son contenu d’abord : UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE est un documentaire passionnant qui promet d’ouvrir un large débat et surtout les consciences ! Plus que l’aspect informatif, on peut parier qu’il va motiver un grand nombre de gens à passer aux actes dans leur vie quotidienne après avoir, grâce à la magie du cinéma, enfin compris la finalité de ceux-ci. Ce film démontre que les savants du monde entier s’accordent sur le fait qu’il nous reste à peine dix ans pour éviter une catastrophe planétaire – un dérèglement majeur du système climatique qui entraînerait des perturbations météorologiques extrêmes, des inondations, de longues périodes de sécheresse, des vagues de chaleur meurtrières. Cette catastrophe d’une ampleur sans précédent, nous en serions les premiers responsables ; nous seuls pouvons encore l’éviter.
Plutôt que de sonner le tocsin de l’apocalypse ou de céder à la délectation morose, UNE VÉRITÉ QUI DÉRANGE a choisi d’illustrer et de relayer l’action et le combat passionné d’un homme, l’ancien vice-président Al Gore qui, depuis cinq ans, sillonne les États-Unis pour persuader ses concitoyens de l’urgente nécessité de réagir à cette crise.
2. Par la star principale : Avec comme acteur principal Al Gore, ce film a aussi une force affective, montrant des séquences plus intimistes nous révélant le combat passionné et la touchante et profonde humanité d’Al Gore. Cet ex-prochain président des Etats-Unis étonne ! Transformé en showman itinérant militant, invitant les Américains à s’attaquer avec ingéniosité et détermination au problème du réchauffement climatique, Al Gore fait figure d’ange de la planète face à son ancien et triste rival Mr Bush. Depuis son échec à la présidence, Al Gore a présenté son show plus de 1000 fois avec toujours le même courage et le même enthousiasme, développant des arguments de poids.
Non, décidément, Al Gore a bien plus que la présence d’un président marionnettiste, il a la force d’un homme sincère, passionné, intègre et convaincu.
Depuis notre petite Suisse, nous avions pris l’habitude de recevoir des news de guerre, d’anti-Kyoto et de militantisme sauvage pour l’or noir depuis les Etats Unis… et aujourd’hui quelle belle nouvelle de voir ce pays si réputé pour son histoire défendre la justice, l’ouverture vers l’avenir, tout en provoquant quelques élans de tristesse mais aussi d’espoir !
3. Par les personnalités qui ont permis à ce film d’exister : Il y a bien sûr Laurie David et le producteur Lawrence Bender, deux personnalités activement engagées dans le combat écologique. Mais sans vouloir dénaturer leur travail de génie, leur mérite est peut-être relatif puisque l’ouverture au monde est le propre des artistes…
Par contre, on connaît moins le producteur du film, un millionnaire étonnant et engagé : Jeff Skoll. Surtout connu pour être l’un des fondateurs de eBay, cet incroyable entrepreneur a créé sa société de production, motivé par la conviction que « le cinéma est une voie merveilleuse pour changer le monde. »
Et, à voir son dernier film, nous en sommes tout à fait persuadés. Ce philanthrope de génie a fondé sa société « Participant Productions » avec l’intention d’en faire “une entreprise de médias responsable et indépendante, consacrée à l’intérêt général”. Même si cette phrase a un petit rien qui fait sourire, (il nous semble si évident que cet objectif devrait être la mission première des médias), il faut reconnaître que, dans l’environnement actuel des médias sur cette planète, cette vision a franchement quelque chose de révolutionnaire. Et Skoll n’est pas du genre à dire de belles phrases sans fondement ! Il assume ses discours ! Cette année, il présentait au Festival de Cannes Fast Food Nation (sur les effets négatifs du fast-food pour la santé et l’environnement) et An Inconvenient Truth. Par le passé, il a déjà produit des films risqués qui « n’ont pas leur langue dans leur poche » et qui ont rencontré du succès comme North Country (sur la violence domestique), Good Night and Good Luck (sur la responsabilité des médias) ou Syriana (sur les magouilles de l’industrie pétrolière).
Et Skoll ne s’arrête pas là. Titulaire d’un MBA de Stanford, il est cohérent dans sa vision de l’entreprise responsable et va jusqu’au bout de sa vision. Son entreprise occasionne un minimum d’impact sur le climat puisqu’il investit dans les énergies renouvelables pour compenser les émissions de CO2 liés aux tournages (voyages si polluants en avion, générateurs diesel utilisés sur le tournage, consommation globale énergétique des bureaux et studios, etc.). Il développe une action citoyenne en invitant tous les spectateurs de ces films à s’impliquer dans des campagnes liées aux sujets des films sur www.participate.net. Et s’il fallait encore démontrer qu’il est un véritable « Ange de la Planète », il faut savoir qu’il a créé une fondation dotée d’un capital de 250 millions de dollars (en actions eBay) pour récompenser des entrepreneurs sociaux. En effet, selon lui (et selon NiceFuture également), ces entrepreneurs ne mesurent pas leur réussite à l’aune des bénéfices gagnés mais sur les vies et les sociétés qu’ils transforment : son exemple n’a pas fini de nous inspirer.
4. Par la force et l’intelligence du discours tenu dans ce film : Al Gore présente simplement les faits et on remarque très vite qu’il n’est pas dans un discours de politique partisane, ce que, avec quelques a priori, on aurait pu craindre. Il nous dit : «Voici la situation telle qu’elle est et maintenant, si nous voulons y remédier, il va falloir réunir des gens de tous horizons. Car, qui que vous soyez et d’où que vous veniez, ce problème va affecter votre vie et celle de tout un chacun.» L’enjeu de ce film hors normes est de montrer que «l’ampleur de cette crise exige de nous une action prompte, audacieuse et raisonnée». Des images chocs de l’Himalaya, la fonte rapide des glaciers - également en Suisse, le réchauffement des océans, les variations pluviométriques dans le monde, l’extinction de l’ours polaire sont évoqués tout au long du film.
Mais pour Gore, il est urgent de commencer par corriger certaines erreurs. La principale est de croire que cette crise planétaire a atteint une telle ampleur que nous ne pouvons plus agir. Gore, qui n’est pas du genre à baisser les bras, rappelle aux Américains leur histoire, et que les quantités de problèmes qui étaient réputés insolubles - de l’abolition de l’esclavage aux expéditions lunaires - ont trouvé leur happy end ! Il croit que la lutte contre le réchauffement climatique mérite de s’inscrire dans cette grande tradition et du coup, il ressuscite en nous une vision que nous avions héritée de nos lointains cousins !
5. Parce qu'il nous permet de croire à nouveau dans tout le génie et la force mobilisatrice de l’Amérique !
Dès le mercredi 11 octobre 2006 dans les salles suisses romandes.