Isabelle Chevalley est une personnalité bien connue dans notre paysage francophone. Jeune, engagée, libérale mais écologiste, elle est une figure très contemporaine qui correspond bien à notre époque hybride ou les vérités totalitaires n'ont plus leur place. Isabelle en plus d'être munie d'un humour extraordinaire est une scientifique de formation et une experte du problème nucléaire. Dans cet article nous lui laissons la parole!
Certains dinosaures de la politique aimeraient bien nous faire croire que l'énergie nucléaire a encore de beaux jours devant elle. Heureusement, la réalité est toute autre.
Lorsque la Suisse a décidé de construire des centrales nucléaires, la loi stipulait que si, dans les 15 années à venir, nous n'avions pas trouvé de solutions aux déchets nucléaires, nous devrions cesser l'activité des centrales. Une solution a en effet été trouvée : nous avons changé la loi ! En effet, il n'existe toujours aucune solution pour nos déchets nucléaires.
D’autre part, les réserves d'uranium s'épuisent aussi vite que le pétrole. Il est de plus en plus difficile de l'extraire et de l'enrichir. Le prix de l'uranium a passé de 47,5 $ la livre en août 2006 à 75 $ la livre en février 2007 et la hausse n'est pas terminée. L'enrichissement de l'uranium nécessite de grandes quantités d'énergie. Aux Etats-Unis, cet enrichissement se fait à l'aide de centrales à charbon, alors ne venez pas me dire que le nucléaire n'émet pas de CO2 !
De plus, le nucléaire n'est pas calculé à son juste prix. En cas d'accident, la protection civile suisse, par l'intermédiaire d'un rapport intitulé Katanos, a estimé les dommages liés à un accident nucléaire à 4'000 milliards de francs. Nos amis sont assurés pour... 2 milliards de francs. En comparaison, un automobiliste est assuré pour 1 million de francs avec son assurance responsabilité civile ; s’il était assuré dans les mêmes proportions que les centrales nucléaires, il le serait pour ... 500 francs de dégâts. Il y a quelques années, les Allemands avaient calculé le vrai prix que devrait payer le nucléaire pour être couvert : ils étaient arrivés à la somme de 3 DM le kWh. Il est facile de critiquer le prix des énergies renouvelables lorsque l'on ne paie pas le vrai prix soi-même.
Enfin, les alternatives existent. Les Français ont démontré dans une étude qu'avec une somme équivalente à celle investie dans un nouveau réacteur nucléaire, on pourrait produire le double d'énergie avec les énergies renouvelables et les économies d'énergie. D'autre part, cet argent permettrait de créer beaucoup plus d'emplois que ceux liés au nucléaire.
Les énergies renouvelables nous permettent d'être indépendants du point de vue énergétique (rappelons que l'uranium ne vient pas de Suisse !). Elles nous permettent de créer des emplois qui ne sont pas délocalisables. Et elles assurent un avenir durable à nos enfants.
L'énergie nucléaire était l'énergie du 20ième siècle, tournons-nous vers les énergies du 21ième siècle : les énergies renouvelables.
Isabelle Chevalley
présidente d'Ecologie libérale
