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Les femmes et les voitures

La voiture est aujourd’hui un besoin pour de nombreuses femmes. Je classifierais ici les conductrices en plusieurs catégories qui, loin d’être exhaustives, sont représentatives de mon entourage social :

  • La conductrice tranquille:  
    elle prend son temps et part en avance afin de ne pas être stressée. Le stress l’empêche en effet de rêver tranquille et c’est mauvais pour son karma. Elle écoute de la musique classique, respecte les limites de vitesse et se cultive grâce à France Inter ou la Première. Elle a dans sa voiture des raisins secs en cas de fringale, un coussin pour sa sieste et des affaires de piscine au cas où elle aurait le temps d’aller barboter. Ce type de conductrice est agréable à croiser car elle respecte les priorités et laisse passer les vielles dames avec un petit geste accompagné d’un sourire. Il n’empêche qu’elle habite à la campagne et qu’elle ne travaille pas à 100% car ça aussi c’est stressant. Elle se fiche un peu de sa voiture, l’important étant que ça roule. En Fiat ou en Opel, elle prend même des auto-stoppeurs parfois. Un jour, j’en ai surpris une à 80 km/heure sur l’autoroute. Là, c’est mon karma qui n’a fait qu’un tour. Le paysage était peut-être joli mais l’excès de lenteur était dans ce contexte dangereux.

  • La conductrice stressée :
    pour elle, le trafic est une véritable jungle dans laquelle règne la loi du plus fort. Elle est donc au volant dans une attitude de combat permanent. Elle fait ses grands phares et klaxonne volontiers en cas de rencontre avec des conducteurs distraits. Elle s’agite et, pire, va souvent jusqu’à injurier ceux qui ont le malheur de s’être trompés de file. Elle ne laisse passer personne car elle en a marre qu’on la prenne pour une poire. Un jour, un piéton a oublié de la remercier alors qu’elle s’était civilement arrêtée... «vraiment, les gens ne savent pas se conduire». Une fois entrée dans sa voiture, elle déclenche immédiatement le verrouillage automatique des portes et branche une musique assourdissante. Elle a dans sa voiture plusieurs paires de lunettes de soleil, une bombe lacrymo, ses affaires de fitness et un livre sur la recherche du bonheur parce qu’il n’y a pas de raison qu’elle en soit privée. Cette femme est plutôt jeune. Elle roule probablement en Golf car elle aime entendre rugir son moteur. Tout comme son esthétique, la puissance de sa voiture est également un élément qui la rassure. Elle travaille à 200%.

  • La mère de famille :
    elle court après le temps. La voiture est chez elle familiale. Elle doit durant les trajets gérer les disputes de ses deux enfants et rattraper ses cinq minutes de retard. Elle en devient par conséquent un peu moins attentive. Elle pense à trop de choses à la fois. Elle conduit tout en espérant que les courses ne se renversent pas sur le gâteau fraîchement acheté pour faire plaisir à sa belle-soeur qui vient prendre le café avec elle et ses enfants. Dans sa voiture, on peut trouver des jouets, un grand landau, des couches culottes de rechange, des cartes routières et du sable des précédentes vacances. Parfois la mère de famille fait des trajets en solo, elle en profite alors pour laisser passer les vieilles dames, conduire relax et écouter un peu de musique mais pas trop fort. Pour sa voiture, elle a choisi une 4x4 même si ce n’est pas très pratique en ville. Elle culpabilise un peu mais ne peut se résoudre à réduire son espace. Elle a aussi l’impression que dans une telle carrosserie son petit monde est bien protégé.


Dans l’espace urbain, le but est avant tout de s’adapter à la conduite des autres. Si les femmes ont parfois tendance à ne pas avoir confiance en leurs capacités de conductrices c’est peut-être qu’elles ont de la peine à respecter les règles de circulation. Aspireraient-elles à davantage de créativité routière ? La légendaire distraction féminine au volant serait-elle feinte ? Par exemple, une femme prend un sens interdit, elle le fait en pleine connaissance de cause pour se simplifier la vie. Si un agent remarque son « erreur » il va forcément penser qu’elle ne s’en est pas rendue compte. Prise en flagrant délit, la conductrice va s’excuser mille fois tout en souriant et en prenant un air vraiment désolé. Il finira par la laisser partir en disant que cela va mais seulement pour cette fois. Fine stratège, la femme s’en ira rouler ailleurs sans demander son reste. L’ignorance est dans cette situation la résultante d’une trop grande conscience. La femme adoptera en effet une attitude toute perdue alors que dans le fond, elle contrôle parfaitement ses actes. Cette créativité routière sera perçue comme une énième fragilité par les hommes. Ne changeons surtout rien, la répartition des rôles valorise nos chers compagnons qui en ont parfois bien besoin.

Sophie Eigenmann
[15/03/2005]



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