J'imagine le pétrole brillant et visqueux. Son odeur âcre, lourde et imposante. Durant la rencontre homme-pétrole, l'homme est attiré par son propre reflet, il se regarde dans ce miroir, il s'admire. Hypnotisé, il voit son image se transformer. Il pense pouvoir la contrôler mais c'est mal connaître le pétrole. Il se moque de l'homme. Il se sait capable de développer une dépendance. L'utiliser c'est l'adopter. Le pétrole est le miroir noir de l'humanité.

L'«or noir» a une grande valeur car nul ne peut plus s'en passer. Trouver du pétrole dans une terre a forcément des conséquences. Le pétrole change tout : l'environnement, les gens, les choses, etc. L'homme fébrile, désirant aller de l'avant, cherche le pétrole partout. Il troue la terre jusque sous la mer pour la saigner de son sang noir. Rapidement il s'y brûle les mains. Il n'est pas rare que les aventuriers ou les travailleurs du pétrole se retrouvent défigurés par l'étincelle de leur désir de pouvoir.

Je me rappelle de l'image d'une mouette noire de pétrole utilisée par une marque de vêtements. C'est elle qui m'a fait réagir. Innocente, elle fut néanmoins souillée, ses ailes collées, sa liberté à jamais envolée.
Je me rappelle des plages tâchées de noir, de ce soleil voilé.

Moi, le pétrole je n'en utilise pas, je roule en vélo. Je me sens propre et à l'abri. Erreur, ma selle est en pétrole, mon t-shirt en pétrole, la semelle de mes chaussures en pétrole, la couleur de mon vélo en pétrole, la monture de mes lunettes en pétrole...

Pour demain, il me reste deux solutions : me balader nue et aveugle dans la rue ou m'acheter un scooter.