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Echos du G8 ou comment comprendre les stratégies qui nous gouvernent


Pour la première fois, le G8 a intégré deux visions humanistes dans ses grandes réflexions et discours sur le monde de demain.
L’évolution du thermomètre mondial commence enfin à intéresser ces élus qui ont également dirigé pour la première fois leur regard sur les conditions des pays du Sud. Bonne nouvelle, donc ! Une conscience plus humaine semble prendre place chez nos dirigeants au milieu de leurs soucis quotidiens.

Malheureusement, pour certains pays, le pas est franchement timide, voir forcé ! On l’aurait espéré plus téméraire. Notamment, de la part du président Georges Bush, dont on connaît pourtant par réputation son incroyable optimisme et témérité quand certaines causes lui tiennent à cœur.

Soyons optimistes et admettons quand même qu’un tout petit premier pas a été fait. Même si les Etats-Unis, les plus grands pollueurs de notre planète, sont également le seul pays du G8 à ne pas avoir ratifié Kyoto. C’est la première fois que le thème de l’environnement et du réchauffement planétaire est « considéré comme prioritaire » par le G8.

Pour mieux comprendre les enjeux, voici quelques clés. Toutes les nations du G8 ont ratifié le protocole de Kyoto, à une exceptin : les Etats-Unis. Ceux-ci sont responsables de 21 à 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mauvais virus pour la santé de la Terre. Le problème, c’est que l’économie américaine est à l’heure actuelle complètement dépendante des énergies non renouvelables et qu’une modification de leur alimentation énergétique diminuerait de 4% le produit intérieur brut des Etats Unis d’ici 2020 selon l’administration Bush. Ces grands libéraux ont donc un avis simple sur la question : le protocole de Kyoto, ils sont contre ! Pas très courageux, notre voisin américain.

Mais la pression de la société civile et les protestations de plus en plus fortes de certaines grandes villes américaines ainsi que les autres pays membres du G8 commencent à leur poser problème. On sait bien la force de l’opinion, et les Etats Unis restent une démocratie. Georges W. Bush a donc timidement reconnu que le réchauffement planétaire pouvait être lié aux activités humaines, notamment aux émissions de CO2, et que celles-ci devraient être diminuées… Un premier pas !

La Terre est donc, comme si souvent, dans un conflit. Un conflit d’opposition tellement humain et fort peu compliqué à comprendre, mais terriblement dangereux pour notre avenir. Les autres acteurs ont développé une stratégie relativement subtile. L’Union Européenne, au lieu d’attaquer frontalement les Etats-Unis se concentrent sur les pays émergents comme la Chine. Ce nouvel acteur économique sur la scène mondiale est une des clés de notre futur, non seulement économique mais également environnemental. La politique qu’ils mettront en place face au climat est déterminante. Si Pékin s’engage dans une politique de lutte contre les changements climatiques, les Etats-Unis seront définitivement peu crédibles dans leur position et la pression mondiale deviendra trop forte pour qu’ils persistent dans leur attitude. Tant pis pour les 4% . Les Etats-Unis sont bien évidemment conscients de cette situation et utilisent toute leur force diplomatique pour que la Chine ne tienne pas compte du processus de Kyoto.

Les pays émergeants, de leur côté, ont des besoins énergétiques en relation directe avec leur forte croissance et dans un proche avenir une augmentation de leur émission de C02 est inévitable.
Face à cette situation, le G8 de cette édition a mis en place un forum intitulé du titre de circonstance, «Dialogue», afin de discuter de cette situation entre les pays les plus importants soit entre la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Mexique.
L’enjeu est vital et il faut être conscient que sans un soutien financier des pays du Nord pour permettre aux pays émergeants d’acquérir des technologies moins polluantes et un transfert de technologie propre (avec une libération des brevets), ceux-ci n’auront pas les ressources suffisantes pour s’engager clairement dans une politique énergétique ambitieuse.
La situation est finalement assez paradoxale aujourd’hui, comme si souvent dans l’histoire humaine. Le type de développement que les pays émergeants poursuivent est celui que les
pays les plus riches prônent depuis des décennies et qu'ils ont plus ou moins imposé au reste du monde.
Les choix de développement et les orientations de l’ensemble de la communauté internationale sont au cœur du débat et les pays les plus démunis ont aujourd’hui également un rôle à jouer.
Cette perspective est également passionnante ! Malgré tous les défauts de la globalisation, c’est devenu une évidence que dans notre monde actuel chaque pays est lié à tous les autres peuples de la planète et que nous sommes fortement dépendants dans notre simple vie personnelle à des populations habitant l’autre bout de la planète. L’économie, l’environnement et la solidarité sont tellement fortement liés que depuis notre toute petite vie quotidienne, à travers nos achats, notre consommation journalière, nous encourageons et participons chaque jour à la politique mondiale. Petite pensée à garder en mémoire lors de nos prochains achats au supermarché.

Quand à l’aide aux pays les plus pauvres, cette initiative a été mieux saluée par le G8. La dette des pays les plus pauvres sera allégée de 40 milliards de dollars, une aide vitale pour le Bénin, la Bolivie, le Burkina, l’Ethiopie, le Ghana, la Guyane, le Honduras, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, le Mozambique, le Nicaragua, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie, l’Ouganda et la Zambie. Un bol d’air bienvenu pour ces populations. Mais restons conscients que la dette totale des pays pauvres est, elle, de 2’500 milliards de dollars. Encore un petit effort pour la prochaine édition du G8 ?



Barbara Steudler
[14/07/2005]



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