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Rencontre avec Mathieu Fleury

Mathieu Fleury est secrétaire général de la Fédération Romande des Consommateurs

Vous participez à la conférence intitulée « Sensibilisation, éducation, santé… aujourd’hui et demain » ? Quelle leçon voudriez-vous que vos enfants retiennent pour demain du monde d’aujourd’hui ?

Les enfants ont deux possibilités pour se situer par rapport à leurs parents : imiter ou rejeter le modèle reçu. Je souhaiterais que mes propres enfants retiennent la leçon de responsabilité forcée que je subis aujourd’hui suite aux comportements de la génération de mes parents : chaque acte a des conséquences et il ne suffit pas de fermer les yeux pour que cela change. J’espère donc les voir suivre et amplifier ce début de prise de conscience et rejeter les excès du passé, en particulier dans le domaine de la surconsommation. J’aimerais aussi voir mes enfants grandir dans la conscience que nous vivons sur une seule et même planète et que leur bien-être est conditionné par celui de leurs « voisins » planétaires : je trouve cette idée de communauté planétaire particulièrement belle et stimulante.


Quel a été le rôle de la Fédération Romande des Consommateurs à ses débuts et quel est-il aujourd’hui?

La FRC fête ses 50 ans cette année et le thème choisi pour ces festivités est « en avance depuis 50 ans ». La lecture des anciens numéros de « J’achète mieux » et de « FRC Magazine » montre en effet à quel point le FRC a joué un rôle de précurseur dans les problématiques dont tout le monde débat aujourd’hui. La FRC a aussi été une pionnière du mouvement qu’on appelle aujourd’hui de la « société civile », puisque les femmes qui en étaient membres à l’origine n’avaient pas même le droit de vote et ont dû trouver des autres canaux d’action que la politique dont elles étaient exclues. Si je dois résumer la démarche par deux expressions, c’est « David contre Goliath » et « les petits ruisseaux font les grandes rivières », en particulier dans les engagements civiques. La FRC a donné un visage et une voix à nous tous, qui sommes démunis au jour le jour face aux géants de l’industrie et du commerce.


Quel est le rapport entre la FRC et le développement durable ?

Cela fait longtemps que la FRC ne se concentre plus sur le prix le plus bas, mais sur le prix le plus juste. Restant naturellement concentrée avant tout sur la défense des droits des consommatrices et des consommateurs, notre fédération considère qu’il est également dans sa mission de sensibiliser ses membres et l’opinion publique aux devoirs liés à l’acte de consommer. Le concept de « J’achète mieux », ancien titre de notre magazine, a donc profondément évolué et s’est enrichie d’aspects environnementaux, éthiques et sociaux. Pour ne prendre qu’un exemple, la FRC a été une des premières à promouvoir la récolte des piles usagées.


Quel consommateur êtes-vous ?

Je suis un consommateur conscient de l’impact de ses choix… et de ses non-choix pour la planète. Je n’ai pas la prétention d’être un modèle, mais j’essaie d’être cohérent, en particulier face à mes enfants qui sont prompts à détecter une différence entre actes et paroles… Je pratique aussi une approche joyeuse et festive de la consommation, ayant la chance inestimable de ne pas être obligé de refuser quelque chose à mes enfants par manque de moyens, même si je dois bien sûr leur refuser énormément de choses pour des raisons d’éducation…


Comment voyez-vous notre monde en 2050?

En me basant sur mon expérience récente, je ne me risquerais pas à faire des pronostics. Lorsque j’ai commencé à la FRC, en automne 2008, rien ne laissait par exemple prévoir le cataclysme bancaire et financier qui a touché notre pays, amenant l’UBS (!) à demander l’aide de l’Etat et … le Crédit Suisse a signé un accord avec nous dans l’affaire Lehman Brothers. On voit donc que des certitudes et des positions acquises peuvent du jour au lendemain être remises en question d’une manière et dans une ampleur difficile à prévoir (qu’on pense ici aussi aux bouleversements que connait l’industrie automobile américaine). Cela dit, je reste profondément optimiste, car les crises représentent aussi bien la fin de quelque chose de connu qu’une opportunité pour créer quelque chose de nouveau. De la même manière qu’en abattant de grands arbres, on permet aux jeunes pousses de grandir sans subir leur ombre, la crise actuelle porte en elle les germes de quelque chose de nouveau, potentiellement meilleur… Pour aller de l’avant, je crois donc à un monde meilleur … et j’espère bien y contribuer !



propos recueillis par Nadia Kara





[07/06/2009]



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