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Rencontre avec Stanislas Dupré

Stanislas Dupré est directeur d'Utopies, agence pionnière dans le conseil en développement durable

 « Utopies », drôle de nom pour une agence de conseil en développement durable, quelle est la logique?

« Vos projet ne sont que des Utopies » est la réponse qu’a reçu Elisabeth Laville quand elle a exposé son projet de création d’entreprise au président du CNPF (MEDEF de l’époque) en 1993. Un peu par provocation, nous avons donc pris ce nom. Au-delà de l’anecdote, notre travail consiste en quelque sorte à sortir la tête des entreprises de leurs problématiques quotidiennes pour les aider à créer une « utopie », que nous nous attachons ensuite à concrétiser.


Pourriez-vous m'expliquer ce qu'est le marketing vert et quel est son différenciateur?

Le marketing vert consiste à vendre des produits en mettant en avant leur qualité environnementale ou sociale. Cette pratique a d’abord été développée par des PME militantes comme The Body Shop , Ben & Jerry’s ou Patagonia avant d’être reprise par les grandes entreprises. Dans ce domaine toute la question est de savoir si le produit promu est réellement « plus vert ». Si c’est le cas et que les ventes se développent, en prenant des parts de marché aux produits concurrents, alors tout le monde gagne : les entreprises, la planète et souvent les consommateurs, car un produit vert est souvent plus économe (voiture) ou moins toxique (détergent).

Pensez-vous que le développement durable soit une priorité pour les entreprises, même en temps de crise?

Le Développement durable est un terme chapeau sous lequel on peut mettre beaucoup de choses. Ce qui est certain c’est que la crise réduit les liquidités et donc les investissements à court terme : cela met donc en suspend beaucoup de projets un peu osés reposant sur le marketing vert notamment.
D’un autre côté, elle renforce la rationalité économique des décisions, rend les industriels plus sensibles aux risques systémiques, et incite les pouvoirs publics à introduire des conditions sociales et environnementales aux financements exceptionnels qu’ils accordent : cela crée un terrain très favorable aux projets et produits économes en énergie (voitures, bâtiments, etc.) et invite les entreprises à mieux anticiper l’augmentation structurelle du coût de l’énergie.


D'une manière plus personnelle, vivez-vous en accord avec ce que vous vendez?

A 200%. Il y a dix ans, en m’engageant dans le conseil en responsabilité d’entreprise, je voulais concilier l’esprit critique du monde associatif et la capacité d’innovation de l’entreprise. Avec la conviction que c’était sur ces nouveaux terrains que la subtilité des solutions imaginées pouvait l’emporter sur la pesanteur du jeu politique des acteurs. Aujourd’hui même si les choses ne vont pas toujours aussi vite que l’on le souhaiterait, j’ai vraiment l’impression d’être à l’intersection de ces deux mondes. En plus, avec la croissance d’Utopies, je me retrouve, en tant que directeur général, comme mes clients face aux problématiques de gestion responsable d’une équipe ou de réhabilitation écologique de nos locaux. Tout un programme !


Comment voyez-vous notre monde en 2050?

Les entreprises et les gouvernements ont déjà raté le train sur la question du changement climatique : cela se paiera par plus de catastrophes climatiques, une énergie beaucoup plus chère et donc une instabilité politique dans de nombreuses zones. En 2050, les industries, la finance et les gouvernements auront tout de même fait leur « révolution verte » : l’économie se sera tournée vers le local et les services, l’environnement sera un critère de décision à tous les niveaux. Au-delà, je pense que la vraie révolution concernera la gouvernance des entreprises : vers 2020 le monde aura traversé suffisamment de crises sanitaires, écologiques et financières trouvant leur source dans des pratiques irresponsables d’entreprises pour s’accorder sur la nécessaire révision de leur mode de contrôle. Comme nous ne reviendrons pas à l’étatisme, je pense que les parties prenantes (consommateurs, riverains, salariés, etc.) prendront un rôle central au côté des actionnaires.


propos recueillis par Nadia Kara


[07/06/2009]



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