-  +
Chronique des petits gestes quotidiens inopportuns

Chemin faisant

Par une fraîche matinée hivernale en campagne, je me rend à l'arrêt de bus pour descendre en ville. L'air froid transforme rapidement mon nez en gouttière. Je me met à farfouiller dans mes poches à la recherche d'un mouchoir, ce qui en fait tomber un usagé au sol...
Le bus arrivant, j'accélère le pas sans me retourner et monte à bord. Tout en m'éloignant, je vois clairement ce morceau de doux papier chiffonné se détachant de la neige fraîchement tombée. Il y a de notre temps des personnes qui travaillent à ramasser les déchets, ce n'est pas si grave écologiquement parlant.
La vue panoramique que m'offre le deuxième étage de ce bus de la région lausannoise me permet d'apprécier un paysage féerique : la neige scintillante au soleil donne un semblant de paradis à ses champs vides, une pureté reposante. Je suis toujours ébahie par tant de beauté sur Terre. Les infrarouges me chauffent à travers la vitre, je me débarasse de mon gros pull en laine. Constatant qu'il bouloche, je me mets à arracher ces petites boules pelucheuses pour en faire une plus grosse boulette que je laisse négligemment tomber.
C'est pas très propre par terre, la neige restée accrochée aux chaussures ayant fondu donne un aspect boueux au sol. Mes petites bouloches blanches brunissent au contact de cet environnement. Cependant, ce ne sont pas les premiers détritus qui jonchent le plancher après un si long trajet. Est-ce qu'il y a des nettoyeurs qui passent après chaque parcours ?

Ah ! Nous arrivons en ville. C'est si gris ! Les arbres qui n'avaient plus assez d'espace pour grandir ont été arrachés, laissant des immeubles nus sans verdure. Je déambule à travers les rues, empruntant au maximum les zones piétonnes. Rien qu'à attendre à un feu rouge, l'âcreté des gaz d'échappements des voitures me défilant sous le nez m'agresse l'odorat.
Un chewing-gum me changera cette sensation désagréable. Rapidement, le fort goût mentholé me rafraîchit les sens. Me voilà devant le bâtiment. Je ne peux pas arriver à mon rendez-vous en mâchant, où y a t-il une poubelle ? bah, tant pis ! Je l'envoie discrètement se balader au pied du mur. Fort est de constater que je ne suis pas la seule, il y a là de nombreuses taches multicolores qui parsèment le trottoir. Heureusement, il n'y a pas trop d'animaux en ville, ce qui diminue le risque de mort par étouffement à part pour les pigeons... Pourvu qu'il se fonde rapidement dans l'asphalte, ce qui n'est pas gagné en hiver !
Perdue dans mes remords, je n'ai pas entendu le raclement d'un homme qui a bien failli me cracher dessus par inadvertance. Heureusement que nous ne sommes pas à Singapour, il serait fortement amendable ! Et moi donc...
Les rues sont propres là-bas, il est interdit de jeter tout déchet par terre, y compris les mégots de cigarette. Faut-il en arriver là ? Tous les techniciens de surfaces seraient engagés comme policiers de rue. Je vais tâcher de faire plus attention, donner le bon exemple aux générations futures pour que ça n'arrive pas, ce serait dommage d'en arriver là.
Laurie Paroz
[01/03/2004]



  ENVOYER A UN AMI
 VOTRE AVIS SUR CET ARTICLE :    bof   ça va   bien   génial   >>>>  

© Association NiceFuture - Tous droits de reproduction et de diffusion réservés  |  Design & Content Management System:  bleu-vert communication www.NiceFuture.com  |  www.BoutikEtik.ch  |  www.angesgardiens.ch  |  www.festivaldelaterre.ch  |  www.ethicalfashiondays.ch