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Interview VIP : Laurent Mercier

Laurent Mercier est aujourd'hui un des couturiers les plus talentueux de notre époque. De nationalité suisse, il a fait ses classes auprès de Jean-Paul Gaultier avant de créer sa marque: "Laurent Mercier de luxe". Il vit depuis une vingtaine d’années à Paris. Créateur et citoyen du monde aux intérêts larges, il est Le couturier du glamour. Aujourd’hui, dans cette interview, la légéreté et l’humour de cet artiste laissent aussi deviner une grande prise de conscience écologique et un engagement qui nous donnent le sourire !

NiceFuture : Quel a été votre plus grand moment de bonheur cette année ?
Laurent Mercier :
J’ai dans ma vie des moments qui m’ont profondément marqués parce que j’ai été frappé d’une très grande joie ou d’un très grand moment de bonheur, pour un réussite professionnelle ou personnelle. Cette année je n’ai pas souvenir d’avoir vécu un pic de ce type, mais je suis de nature heureuse.

N.F. : Votre truc « bien-être/relaxation » que vous utilisez dans la vie de tous les jours ?
L.M. :
J’essaie de relativiser, c’est quelque chose qui m’aide beaucoup. Je me dit que finalement on est pas grand chose. Prendre conscience que dans l’histoire de l’humanité on ne va pas durer très longtemps en regard de la longévité de la planète. Je me dis qu’on est pas très important et qu’on a une vie qui est trop courte pour se prendre la tête et déprimer. De l’autre côté j’ai un ami qui fait des massages shiatsu qui sont vraiment très relaxants.

N.F. : Un espace, un lieu qui évoque pour vous l’harmonie, un havre de plaisir ?
L.M. :
C’est le hammam, à la Mosquée de Paris. Un endroit beau, très calme, relaxant.

N.F. : Un objet que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
L.M. :
C’est une réflexion que l’on se fait lorsque l’on est parent, et, comme je n’ai pas d’enfant, c’est une question que je ne me suis jamais posée.

N.F. : Une valeur que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
L.M. :
C’est plutôt un cadre, un environnement sain pour grandir. L’environnement le plus équilibré possible. Les problème psychologiques viennent souvent de traumatismes vécus en tant qu’enfant. J’ai eu la chance d’avoir des parents très équilibrés, ce qui me permet d’avoir un sens des valeurs plus ouvert quelque part.

N.F. : Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes NiceFuture qui vous motivent ? (manger bio, placement éthique, achat de proximité, déplacement, bien-être, jardinage, équité sociale, etc...tous ce qui a un rapport de près ou de loin au développement durable)
L.M. :
Manger bio est quelque chose d’important que j’essaie de privilégier un maximum. Je recycle aussi, et en France ce n’est pas toujours évident. J’essaie d’économiser à mon échelle l’eau et l’électricité. Cela peut paraître une goutte d’eau dans un océan mais si tout le monde agit à son échelle, on affrontera mieux l’ampleur du problème de la pénurie des ressources que l’on va bientôt rencontrer.

N.F. : Consom’action, c’est une vision à laquelle vous adhérez ?
L.M. :
Autant que possible j’achète dans des magasins qui prônent le commerce équitable et les produits bio. Dans ma vie professionnelle, je fais partie d’une association qui s’appelle H-50 qui signifie que dans 50 ans il n’y aura plus de matières premières disponibles. A travers celle-ci, nous avons prévu de monter une ligne de vêtements produits à partir de coton bio et du commerce équitable. C’est à mon niveau, pour moi, l’occasion de proposer quelque chose qui est plus équitable tout en restant moderne et en donnant envie. Des vêtements que l’on ne se force pas à acheter seulement parce qu’ils ont une éthique, c’est important.

N.F. : Anticiper le monde de demain, vous le voyez comment ? Ce sera un monde plus égoïste ? Plus ouvert sur les autres ? Plus au moins éthique ? Pourquoi cette vision ?
L.M. :
Je pense qu’avec internet on a ouvert une brèche dans les dimensions qu’on connaît, comme la profondeur, la hauteur et la largeur. Et dans un futur très lointain, j’imagine que l’on pourra un jour se dématérialiser pour devenir vraiment intelligent. On se rend peut-être pas compte de l’importance de la nouveauté de ces nouvelles dimensions aujourd’hui.  Tous nos problèmes actuels viennent de l’ordre du « physique » comme les maladies, les problèmes psychologiques, etc... Je ne sais pas d’où vient l’être humain, mais je pense que parfois toute notre évolution tend à aller vers une forme de vie plus intelligente et immatérielle. Je me dis que notre planète est peut-être une plate-forme servant à cela. Nous sommes arrivés les derniers sur cette planète et on peut constater que nous en sommes les plus grands parasites. On a vraiment détruit notre environnement ! Peut-être que nous ne sommes simplement pas adaptés à ce monde et que nous allons nous dématérialiser pour vivre à un autre niveau. On a peut-être pas conscience de la force de notre intelligence. Aujourd’hui on développe les premières expériences de fusion avec les ordinateurs et je pense que l’on est pour l’instant, dans cette sphère de découverte, juste au Moyen Age. J’aime bien cette théorie, mais je l’ai peut-être développée aussi pour faire face à une culpabilité importante en constat du désastre écologique que l’on a déjà créé sur cette Terre.

N.F. : L’année 2005, une année faste pour vous ?
L.M. :
Non, j’ai eu d’autres années beaucoup plus fastes, c’était une année calme.

N.F. : Quel est l’événement marquant dans le monde qui vous a touché cette année ?
L.M. :
Des choses horribles, des inondations, des tremblements de terre. Je regrette aussi qu’il n’y ait pas plus de bonnes/belles nouvelles qui soient divulguées. Le côté sensationnaliste des médias devrait permettre quand même aux beaux événements d’être communiqués pour conserver une vision équilibrée du monde.

N.F. : Qu’est-ce qui vous révolte dans le monde d’aujourd’hui ? qu’est-ce qui vous enchante ?
L.M. :
Les sujets qui me révoltent sont surtout liés à la classe politique qui porte vraiment des oeillères. Cela peut peut-être s’expliquer par le fait que les personnalités politiques sont souvent très âgées et qu’elles sont encore marquées par une mentalité d’après-guerre de consommateurs, de gens qui ont manqué et qui veulent donc consommer. Ils ont beaucoup de peine à imaginer qu’il faille économiser. Surtout la classe politique ne défend plus du tout nos intérêts, c’est plutôt aujourd’hui un énorme truc marketing pour remporter les élections mais si loin de nos besoins. Il y a trop peu de communication qui est faite sur les problèmes écologiques, il y a heureusement des gens comme vous mais cela devrait être fait au niveau mondial. Les politiciens ne prennent pas cela à cœur, ils ne s’intéressent qu’à ce qui peut leur permettre d’alimenter leur campagnes politiques. Ce qui me révolte aussi c’est que chaque pays ne se préoccupe que de ces propres intérêts. Personne n’est capable de faire la police. C’est encore « chacun pour soi » et il n’y a pas de confiance à l’échelle mondiale.

Ce qui m’enchante c’est que j’ai foi en l’être humain et que, je crois, on rebondira au moment choisi.

N.F. : Quelle serait l’innovation (technologique, de comportement, légale....) qui changerait la face de nos sociétés à votre avis ?
L.M. :
L’énergie solaire fait des progrès. La Nasa a mis au point un niveau type d’avion alimenté en solaire qui peut rester en l’air pendant six mois. C’est une énergie d’avenir qui n’épuise pas la planète et qui est constamment là.

N.F. : Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour mettre en place «un monde meilleur» ?
L.M. :
Ce serait d’avoir la possibilité d’offrir à tout le monde une vie décente. Si on est pas obligé, comme les trois quarts de la planète, d’être uniquement préoccupé par l’idée de ne pas mourir de faim, on peut développer d’autre choses.

N.F. : Que souhaitez-vous en 2006 ? pour vous ? Pour vos proches ? (Pour le monde ?)
L.M. :
Pour moi ce serait la santé, chose la plus importante avant tout, et pour mes proches, identique. Pour le monde, je souhaiterais qu’il y ait un plus grand sens de l’humour, un peu plus de légèreté et un peu moins de drames.

N.F. : Quelle est votre bonne résolution pour 2006, si vous en avez une ?
L.M. :
J’en ai mille. Peut-être de continuer cette action en faveur d’une propagation de mes idées écologiques, de me concentrer vraiment là-dessus et de manière professionnelle. Communiquer la réalité de la situation dans laquelle on est, simplement pour qu’un grand nombre de personnes en prennent conscience.

Propos recueillis par Barbara Steudler

[20/12/2005]

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