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Interview VIP : Mike Horn

Quand il ne fait pas le tour du cercle polaire en solitaire, il fabrique du fromage d'alpage avec les paysans de sa région, coupe du bois ou savoure la vie de famille. La poussière sur les glaciers, la rencontre du grizzli et de l'ours polaire, ou comment se forger un regard sur le monde en s'aventurant tout autour.

A.     Questions personnelles
 

NiceFuture :  Quel a été votre plus grand moment de bonheur cette année ?
M.H.:
En janvier après mon expédition autour de l'Arctique, je suis allé voir ma famille en Afrique du Sud. C'était un bon moment de revenir là où j'étais né, après deux ans et demi dans l'Arctique, et de retrouver ma mère, ma sœur et tous les autres.

N.F. : Votre truc « bien-être/relaxation » que vous utilisez dans la vie de tous les jours ?
M.H.:
Je m'entraîne tous les jours et c'est sûr que si on est bien dans son corps, qu'on se sent à l'aise, on est aussi bien avec les autres.

N.F. : Un espace, un lieu qui évoque pour vous l’harmonie, un havre de plaisir ?
M.H.:
Pour moi c'est la maison. J'ai énormément de plaisir à être chez moi, c'est l'endroit où j'ai envie de rester.

N.F. :  Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes "NiceFuture" qui vous motivent ? (manger bio, achats de proximité, déplacements, bien-être, jardinage, équité sociale, placements éthiques, etc... tout ce qui a un rapport de près ou de loin au développement durable)
M.H.:
Nous trouvons beaucoup de produits tout près de chez nous. Il y a pas mal de paysans bio dans la région et nous allons leur acheter du fromage, du lait et bien d'autres choses. C'est important pour nous d'un point de vue personnel, c'est un échange entre personnes. Nous connaissons bien les paysans de la région, notamment parce que j'ai travaillé avec eux, pour gouverner leurs vaches, couper du  bois ou faire du fromage d'alpage. Nous savons d'où viennent nos produits et entretenons des relations personnelles avec les producteurs. C'est comme ça qu'on peut connaître la vraie qualité d'un produit, c'est une question de confiance en des gens, et non en un produit.
Mais il y a aussi la construction, on est tout le temps en train de retaper notre maison un peu. Ces travaux, les produits que nous achetons, tout est pensé dans l'idée du développement durable. On essaye aussi de garder la chaleur et de ne pas trop chauffer. Nous avons notre propre portion de forêt où beaucoup de bois  a été abattu par Lothar, alors nous consommons déjà ça!

N.F. :  Anticipez le monde de demain : vous le voyez comment ? Ce sera un monde plus égoïste ? Plus ouvert sur les autres ? Plus au moins éthique ? Pourquoi cette vision ?
M.H.:
Vous savez, on ne devient optimiste ou pessimiste qu'avec l'expérience. Or il y a des signes qui ne trompent pas. Lors de ma dernière expédition avec mes enfants tout près du pôle Nord nous avons vu très clairement les quantités de pollution qui se déposent sur les glaciers. En passant beaucoup de temps sur le terrain je peux observer ces phénomènes de mes propres yeux. En comparant ce que je vois avec les cartes que j'utilise, je peux par exemple constater que même près du pôle Nord les glaciers reculent. Les changements climatiques se font sentir partout, et aujourd'hui on trouve de la neige dans certaines région de l'Arctique où il n'y en avait pas avant.

N.F. : Vous dites que les glaciers sont pollués en Arctique. Est-ce une pollution qui se voit à l'œil nu ou seulement à l'aide d'instruments particuliers?

M.H.: Disons qu'il faut une certaine habitude. Ce qui se passe, c'est que des particules de poussière sont entraînées vers le sol avec la neige. Dès que la neige fond, les poussières restent sur la glace et sont visibles. Ce n'est pas nouveau, mais ce qu'on observe aujourd'hui, c'est qu'un dépôt noir se forme sur les glaciers en raison des pollutions d'origine humaine, comme les transports, la construction, etc. Plus foncée que d'habitude, la glace attire donc plus de chaleur du soleil et fond plus vite.

N.F. : Vous êtes parti en expédition avec vos filles. Quel âge ont-elles et que leur a apporté cette expérience?

M.H.: L'une a fêté ses onze ans sur la glace et l'autre en a douze. Elles ont changé comme le jour et la nuit. Ce qui n'était qu'une théorie jusque là est devenu une réalité vécue. Des enfants qui se fixent un but et qui sont motivés, qui foncent, peuvent facilement y arriver, même dans des conditions dont ils n'ont pas l'habitude: par -15°C, tirer une luge de 30 kg, se déplacer sur des glaciers, dormir sous tente, manger dans une petite gamelle et faire fondre la glace pour avoir de l'eau… C'est sûr que ça change la façon dont un enfant voit les choses.

N.F. : Combien de temps a duré cette expédition, et maintenant, vos filles vous en veulent-elles à vie de les avoir emmenées?

M.H. : Nous sommes partis 32 jours et ce sont elles qui ont préparé l'expédition, qui ont développé le matériel et tout le nécessaire. Maintenant je ne peux plus les arrêter!
 
B. Questions globales

N.F. :  Quel est l’événement marquant dans le monde qui vous a touché cette année ?
M.H. :
Je suis bouleversé à chaque fois qu'arrive une grande catastrophe qui touche beaucoup de monde, et dès que l'une est passée il en arrive une autre. De retour de deux ans en Arctique, où je me sentais presque à l'abri de tout ça, j'ai été choqué par la succession d'événements comme le tsunami, l'ouragan Katrina, etc. En Afrique c'est le problème du Sida qui me préoccupe beaucoup et je ne comprends pas qu'on continue à agir de manière aussi peu constructive.

N.F. : Quelle serait l’innovation (technologique, de comportement, légale....) qui changerait la face de nos sociétés à votre avis ?
M.H. :
Vous parlez d'innovation légale par exemple. Je pense que ça commence par les lois que nous nous donnons à nous-même. Les choses ne changeront pas avec des lois qui s'imposent aux gens. Chacun de nous doit se fixer un certain nombre de règles, et ça commence à la maison: que vais-je faire chez moi pour diminuer la pollution par exemple. Chacun de nous doit décider consciemment s'il va faire certaines choses ou non, il ne faut pas se reposer sur des loi, des taxes, etc.

NF.: Votre activité d'aventurier, est-ce aussi une manière d'agir en tant que personne face à certaines problématiques écologiques et sociales?
M.H.: Je n'essaie pas de vendre mes expéditions à travers cela. Je les utilise comme une sorte de véhicule pour attirer l'attention d'une part, mais surtout pour donner des solutions aux gens. Les solutions sont souvent absentes des recherches qui nous décrivent l'état de la planète. C'est en passant un peu de temps sur le terrain qu'on voit des signes du changement et on prend conscience de notre pouvoir de le ralentir. J'ai vu des ours polaires se faire attaquer par des grizzli, parce que le réchauffement de l'atmosphère a éloigné la glace et rapproché le grizzli. Un ours polaire peut nager sur 100 km, mais aujourd'hui la glace se trouve à 150 km, alors il est coincé sur la plage et l'ours brun monte dans son territoire. Si tu prends des photos et que tu montres ça aux gens, ils s'interrogent aussi sur leur rôle là dedans. On ne pourra pas arrêter le réchauffement climatique, mais si on peut déjà diminuer notre impact…

N.F. : Quelle est votre bonne résolution pour 2006, si vous en avez une ?
M.H.: J'aimerais continuer sur le chemin que j'ai emprunté. Aujourd'hui les choses se passent très bien pour moi et j'ai encore plus envie de partager ce bonheur en 2006. J'aimerais me consacrer plus à l'éducation des enfants, leur expliquer ce qui se passe vraiment sur notre Terre.

Propos recueillis par Nicola Daenzer

[20/12/2005]



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