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Interview VIP : Daniel Brélaz

Syndic de la ville de Lausanne, Daniel Brelaz nous accueille dans ses bureaux chargés d’histoires. Engagé depuis toujours pour la protection de l’environnement, ce diplômé en mathématiques de l'EPFL a donné véritablement à Lausanne son aura autour de ville engagée dans le développement durable.
Sa vision du développement sur ce thème se résume en deux phrases :
- Nous n'héritons pas la terre de nos ancêtres, mais nous l'empruntons à nos enfants (Saint-Exupéry)
- Prévoir les problèmes pour y apporter à temps des solutions …
Les réflexions complexes qu’il expose dans cette interview développent ce point de vue.

  A.     Questions personnelles
 

NiceFuture :  Quel a été votre plus grand moment de bonheur cette année ?
Daniel Brélaz :
Il y en a plusieurs. La décision du Conseil fédéral sur le M2, l’aboutissement du dossier des péréquations cantonales, la reconnaissance internationale de Lausanne en terme de développement durable.

N.F. : Votre truc « bien-être/relaxation » que vous utilisez dans la vie de tous les jours ?
D. B. :
Marcher si j’ai un peu de temps, écouter de la musique et trouver dans chaque dossier une vision un peu humoristique.

N.F. : Un espace, un lieu qui évoque pour vous l’harmonie, un havre de plaisir ?
D. B. :
La nature en général. J’aime la forêt, la montagne et les lacs, mais malheureusement j’ai une disponibilité limitée.

N.F. : Un objet que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
D. B. :
Je fonctionne très peu avec les objets. Je suis d’une nature très concrète mais très peu matérialiste.

N.F. : Une valeur que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
D. B. :
J’aimerais lui transmettre la capacité d’engagement dans la société et également la force de détachement. Mais je n’aimerais pas lui imposer cette transmission de valeurs et je constate qu’il est rare que deux générations aient les mêmes caractéristiques.

N.F. :  Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes "NiceFuture" qui vous motivent ? (manger bio, achats de proximité, déplacements, bien-être, jardinage, équité sociale, placements éthiques, etc... tout ce qui a un rapport de près ou de loin au développement durable)
D. B. :
De par mon activité j’ai un quotidien très chargé. Je peux difficilement pratiquer autant que je le voudrais ce que je prêche. J’utilise quatre jours sur cinq ma voiture pour des raisons d’efficacité. Je mange parfois bio mais je ne suis pas végétarien, encore moins végétalien. Mais j’essaie de limiter ma consommation de viande. J’ai installé des panneaux solaires sur ma maison. Mais de manière générale je suis trop actif pour appliquer les principes du développement durable jusqu’au bout. Je pense aussi que mes activités professionnelles sont plus utiles à la cause que si j’appliquais les principes développement durable de manière exemplaire.

N.F. : Consom’action, c’est une vision à laquelle vous adhérez ?
D. B. :
Oui.

N.F. :  Anticipez le monde de demain : vous le voyez comment ? Ce sera un monde plus égoïste ? Plus ouvert sur les autres ? Plus au moins éthique ? Pourquoi cette vision ?
D. B. :
C’est une question très difficile sur laquelle notre société joue sa survie.
Je pense qu’il y a trois modèles de société qui se dessinent. Je remarque des ingrédients qui mènent à de plus en plus d’individualisme et d’exclusion, et qui conduisent à une société type banlieue française.
Il y a incontestablement aussi dans notre société une aspiration à d’autres modèles et à un développement d’un véritable contrepoids. Au niveau de l’Europe on voit par exemple une volonté de ramener les populations à un niveau de vie comparable.
Il y a encore une autre tendance, pour un certain nombre de gens, celle d’une volonté de mettre en place une vraie application du développement durable à travers les trois pôles de manière plus ou moins équilibrée. Technologiquement, il y a quelques espoirs que d’ici 30 à 50 ans on perde fortement notre dépendance envers le pétrole et que nous nous dirigions vers des énergies renouvelables telles que les éoliennes en milieu maritime, la géothermie, la biomasse etc... Cette société-là pourrait tendre à terme vers une meilleure clé de répartition. Mais vis à vis de cette société-là, de grandes questions existent sans qu’on puisse deviner l’évolution. Est-ce que l’OMC va prendre un rôle plus actif en terme de développement durable ? Est-ce que le poids du continent européen peut appuyer un tel développement ?
Reste à savoir si notre société va vers un fonctionnement post-féodal ou vers un principe de meilleure répartition.

N.F. :  L’année 2005, une année faste pour vous ?
D. B. :
A titre politique il y a plusieurs projets concernant la ville qui ont avancé, mon parti a eu plusieurs succès au niveau suisse, les finances communales se sont fortement rééquilibrées. Humainement, c’était une année personnellement stable.


 
B. Questions globales

N.F. :  Quel est l’événement marquant dans le monde qui vous a touché cette année ?
D. B. :
J’ai été marqué par la capacité de notre planète de se mobiliser mondialement pour le tsunami, mais paradoxalement que les gens ne se sont plus mobilisés pour d’autres causes. Les différents épisodes de la guerre en Irak m’ont marqués. Il y a un événement très symbolique qui m’a marqué : les deux personnalités fortes autour d’Israël, « ennemis » de longue date, qui tentent de faire quelque chose ensemble et qui se rendent compte que pour avancer ils doivent lutter ensemble pour sauver leur pays.

N.F. : Qu’est-ce qui vous révolte dans le monde d’aujourd’hui ? qu’est-ce qui vous enchante ?
D. B. :
Les sujets qui me révoltent sont la faim et la pauvreté en général. Je suis aussi désolé de m’apercevoir qu’aujourd’hui on voit apparaître une seconde génération qui, après leurs parents, sont également non actifs et ne trouvent pas leur place dans la société.
Ce qui me révolte aussi c’est que beaucoup de citoyens et notamment de personnes âgées se laissent embarquer dans des partis, de part leur naïveté et par un discours démagogue sans fondement.
Ce qui m’enchante c’est que des bases de solutions se développent face aux enjeux écologiques. Techniquement on est plus très loin de résoudre les grands problèmes planétaires, à condition qu’au niveau mondial on allie les forces afin de travailler ensemble sur ces solutions. Des modèles réconcilient l’économie et l’écologie si une certaine ténacité se manifeste sur quelques dizaines d’années.

N.F. : Quelle serait l’innovation (technologique, de comportement, légale....) qui changerait la face de nos sociétés à votre avis ?
D. B. :
Ce type d’innovation peut être à mon avis développée dans trois domaines :
l’énergie, l’alimentation et troisièmement dans le domaine sociologique.
Une source énergétique non polluante accessible en grande quantité notamment dans le domaine de la biomasse, de la géothermie. Ceci devrait être développé avec des coûts acceptables.
Dans le domaine de l’alimentation, si on arrivait à trouver des engrais qui fonctionnent par exemple par des synthèses d’azote ou autre, on arriverait peut-être à mettre un système de rendement plus efficace et résoudre le problème du manque de sol cultivable. Il faudrait encore ensuite résoudre le problème de logistique et mettre en place un système de répartition de l’alimentation.
Il faudrait aussi que des gens soient capable de développer une influence forte en termes sociologiques pour que les foules deviennent raisonnables.

N.F. : Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour mettre en place « un monde meilleur » ?
D. B. :
Si on arrivait à enlever l’imbécillité, ce serait merveilleux. Si les gigantesques moyens de la recherche, de l’énergie, si l’intelligence incroyable que l’on met au service de nombreuses choses inutiles étaient affectés de manière coordonnée pour résoudre les points précédents, je pense qu’en maximum 50 ans on arriverait à faire de la Terre un paradis. Et même si seulement les moyens affectés à certaines infrastructures de la société, qui ne sont pas indispensables ou par exemple l’armée, je suis sûr que l’on pourrait créer rapidement un monde de rêve.

N.F. : Que souhaitez-vous en 2006 ? pour vous ? pour vos proches ? pour le monde ?
D. B. :
A mon fils je souhaite que les derniers échecs scolaires qu’il a vécu se résolvent. Je souhaite aussi que ma femme ne soit pas affectée par le battage médiatique qui accompagne ma campagne électorale et qu’elle soit préservée des tensions habituelles qui accompagnent une telle période.
Et pour la ville de continuer à avancer dans le sens du développement durable et de résoudre aussi le problème du manque d’emploi.

N.F. : Quelle est votre bonne résolution pour 2006, si vous en avez une ?
D. B. :
Continuer avec autant d’énergie que durant toutes ces dernières années mes tâches publiques.

Propos receuillis par Barbara Steudler et Vincent Girardin

[20/12/2005]



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