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PALEO : interview de Daby Touré

Rencontre chaleureuse avec ce muscicien né dans le désert mauritanien.

NiceFuture : A quelques heures de votre concert, comment vous sentez-vous ?
D. Touré
: Je suis flippé, j’ai la diarrhée, je ne vais pas bien du tout... Non ça va, je me sens bien pour l’instant. Il n’y a pas de souci, les gens sont sympas. Il n’y a pas de raison de paniquer.
Paléo, je suis content d’y être parce que j’y étais il y a deux ans. J’avais fait la première partie de Peter Gabriel et je suis assez content de revenir sur les traces tout seul cette année.

NiceFuture : Ce début d’année 2007 rime-t-elle avec bonheur pour vous ?
D. Touré
: Ben ça rime avec bonheur tout simplement parce que je continue d’exister et puis je continue à faire de la musique surtout. Donc, ça c’est forcément un bonheur. Chaque année, je prie Dieu de pouvoir être en forme et de pouvoir faire de la musique, parce que c’est ça qui me fait vivre. Pouvoir continuer à faire de la musique est une si belle richesse.

NiceFuture : C’est quelque chose de vital pour vous ?
D. Touré
: C’est vital, j’ai tout fait pour, je me suis battu toute ma vie pour pouvoir faire de la musique. Donc tant que je peux continuer à en faire, je pense que je serai vraiment bien. Et en plus avoir des gens qui apprécie ce que tu fais, ouais, ça pousse le bonheur à aller beaucoup plus vite.

Nice Future : Vous recherchez les « live », les concerts, le contact avec le public ? C’est quelque chose qui vous attire ?
D. Touré
: Ben oui, c’est un tout. Ca fait partie d’un tas de choses comme de faire un album, un « live », travailler avec d’autres gens. Tant que c’est dans la pratique de la musique, dans le but d’être le plus sincère possible et de proposer quelque chose, ouais ça me kiffe.

NiceFuture : Si vous aviez un objet que vous aimeriez transmettre aux générations futures, à vos enfants. Est-ce qu’il y a un objet qui vous vient à l’esprit ?
D. Touré
: Alors, je n’aimerais surtout pas leur laisser un objet. Le problème des objets, c’est qu’on ne sait jamais quoi en faire. Non, si j’avais quelque chose à leur laisser, ce serait plutôt une force de caractère que l’homme ne connaît pas aujourd’hui. Quelque chose qui puisse faire qu’ils soient plus attentifs à l’autre qu’à soi-même. Quelque chose qui fasse que chaque homme se sente responsable. Ce serait plus une sorte de nouvelle nature humaine.

NiceFuture : Si on en vient au thème du développement durable. Qu’est-ce que ça évoque pour vous ?
D. Touré
: Le développement durable, ça n’évoque rien pour moi. J’en ai déjà entendu parler mais dans tous les sens. Je n’ai jamais eu un projet devant moi que j’ai vu évoluer et grandir. Parce que j’étais dans mon monde aussi et que je voyage beaucoup. Mais je suis certain que ça existe, qu’il y a des gens actifs. Dans le sud de la Mauritanie, je sais qu’il y a des gens qui se sont intéressés à ces questions-là et qui sont là-bas. Mais je ne sais pas ce que ça veut dire vraiment et l’impact que ça a réellement. Mais je suppose que ça doit être quelque chose qu’il faut soutenir et encourager. Que ce soit les personnes ou les associations, elles méritent beaucoup plus d’attention, je pense.

NiceFuture : Pouvez-vous nous décrire un lieu qui évoque la paix, l’harmonie pour vous ?
D. Touré
: C’est la nature, là je suis bien. Quand je vois des arbres. Quand je dis nature, c’est quand je commence à vraiment respirer. Je ne sais pas, il se passe quelque chose naturellement. Je suis souvent dans les villes, dans les transports, mais lorsque j’arrive en pleine campagne, je ne suis plus fatigué, je me sens bien.
Alors jusqu’ici je n’arrive pas à convaincre mon mauvais côté qui m’attire toujours en ville. C’est ce que je disais tout à l’heure, on est tous finalement, tous les hommes aujourd’hui, on est dans une forme de « on est obligé de ». On n’est pas libre de vivre ou de choisir la vie, à moins qu’on ait beaucoup d’argent. Mais avoir beaucoup d’argent suppose travailler, travailler, travailler, on est vieux après...
Ceux que j’admire énormément sont ceux qui partent, qui s’en vont en se disant tant pis, je prends mon sac là où la vie me mène. Il y en a quelques uns encore, mais c’est très rare.

Nice Future : C’est quelque chose qu’on peut faire à travers la musique.
D. Touré
: C’est quelque chose qu’on pourrait faire à travers la musique, mais c’est très difficile. Je dirais que ça pourrait se faire, si on a envie de juste, encore une fois de plus, de voyager comme ça. Je pense que ça pourrait se faire à un certain âge surtout. Moi, aujourd’hui à mon âge, je suis en train de penser à faire des enfants. Lorsque tous tes amis ont des enfants et qu’ils te disent : « alors c’est pour quand pour toi ? », tu te sens un ovni, tu te dis mais moi je ne veux pas là pour l’instant. Donc même si on veut être différent, on ne le peut pas. Parce qu’on nous pousse toujours à être comme tout le monde. Donc moi, je pense que j’ai déjà été formaté d’une certaine façon. Mais je connais quelques personnes qui ne l’ont pas été, qui sont restées assez sauvage. Qui ont eu la chance d’être resté en Afrique beaucoup plus longtemps. Moi, je suis arrivé à 18 ans en France. Si j’étais resté encore 10 ans de plus, j’aurais peut-être fait ce genre de choses. Parce que je n’aurais pas eu d’autres choix que d’aller voyager dans l’ouest de l’Afrique avec ma guitare. C’est vrai. Mais la vie, voilà, on ne choisit pas.

NiceFuture : Trois petites questions un peu symboliques pour finir. Si vous étiez un animal, ce serait lequel ?
D. Touré
: Ah là, là, j’aimerais pas être un animal. Si j’étais un animal je pense que je prendrais celui qui a le moins de risques dans la nature, celui qu’on attaque jamais, qui s’en sort toujours. C’est-à-dire qui meurt juste naturellement. Ben tiens, je serais un éléphant parce que éléphant veut dire Touré et c’est mon nom de famille.

NiceFuture : Si vous étiez un élément ?
D. Touré
: Un électron je crois, un électron libre. Je serai un électron libre positif, un proton si tu préfères.

NiceFuture : Un végétal ?
D. Touré
: Je pense que j’aimerais bien être un baobab, parce qu’il est bien posé sur la terre et qu’il a des grosses racines. Et ça c’est super important parce quand t’as des racines, généralement, on ne t’embête pas.

Michel Daucher & Michel Annese

[30/07/2007]



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