Le botaniste Roger Molinier a bien raison de le rappeler: "en terme de préhistoire, on parle de l'âge de pierre, de l' âge du fer, de l' âge du bronze. En survolant toute l' histoire de l'humanité, ne devrait-on pas parler de l' âge du bois …?"

Mais est-ce juste une coïncidence technique qui lie les hommes au bois, de leur berceau à la dernière boîte qui les renferme, des pilotis du néolithique aux charpentes high-tech, ou serait-ce une sorte d'histoire d'amour?

Trois pistes pour entretenir cette relation avec le bois: acheter intelligemment, construire en bois et participer à la reforestation.


ACHAT DE MEUBLES ET ACCESSOIRES EN BOIS

Cet automne, NiceFuture publie un troisième classement consom'action. Les principaux distributeurs de meubles en Suisse sont passés sous la loupe de notre expert en responsabilité environnementale et sociale des entreprises. Il s'est intéressé tout particulièrement au bois: quels types de bois, et quelles certifications sont disponibles? Quel genre d'exploitation forestière vais-je soutenir en achetant mes meubles dans tel magasin ou tel autre: coupes illégales et abatage d'espèces rares ou gestion durable, reforestation et respect de la biodiversité?
Découvrez notre classement des magasins de meubles

Un autre classement, du WWF celui-là, passe en revue un grand nombre d'essences de bois selon des critères écologiques. Que vous hésitiez entre un parquet en jatoba et l'autre en bambou, ou entre des meubles de cuisine en cerisier et ceux en eucalyptus, vous trouverez des infos au sujet de tous ces bois dans ce guide du consommateur disponible en ligne. Attention, une même essence peut être classée très différemment selon qu'elle soit certifiée FSC ou non, ou selon sa provenance.
Le consommateur trouvera également sur le site du WWF (lien à la fin de cet article) une liste des produits en bois portant le label FSC disponibles en Suisse.

A propos de labels justement, un petit état des lieux s'impose, puisqu'il y a quelques jours le système international de certification PEFC annonçait que le label Q-suisse n'était plus reconnu comme garantie d'une exploitation forestière durable au sens des normes PEFC.

TOUR D'HORIZON

Le label FSC (Forest Stewardship Council) reste la meilleure garantie du respect des cycles naturels et de l'équité sociale tout au long de la filière du bois. FSC est un réseau international créé en 1993 et reconnu par les organisations de protection de l'environnement, ainsi que par l'Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Ce label peut se trouver sur du bois indigène comme importé. Il est décerné à une portion de forêt d'abord, si celle-ci est gérée selon les critères retenus. Il peut ensuite se retrouver sur un produit fini, ce qui garanti également que la chaîne de production a été soumise à un contrôle indépendant et répond aux exigences environnementales et sociales fixées.
En Suisse, la moitié de la surface forestière totale est déjà certifiée FSC!

Développé par l'économie forestière et la filière du bois en Suisse, le label Q (Swiss Quality/Agro Marketing Suisse) signifie que le bois est indigène. Ce label se base sur les lois nationales concernant l'exploitation forestière et sur certains aspects de la norme ISO 14001 (système de management environnemental). Récemment, l'organe international de certification PEFC a cependant annulé sa reconnaissance du label Q. Selon un communiqué du 18 novembre 2005, ce dernier ne répond plus aux exigences de PEFC pour trois raisons: non conformité avec les règles PEFC concernant la chaîne de production, absence de rapport public résumant les résultats de certification et absence de témoignages de tierces parties sur le processus de certification des forêts. Mauvais point donc pour le Q, reste que ce label garanti la provenance suisse du bois, ce qui présente un certain avantage écologique vu les lois en vigueur et la dépense d'énergie inférieure à celle d'un bois importé transporté sur de très longues distances.

PEFC (Programme de Reconnaissance des Certifications Forestières) est une ONG fondée en 1999 et qui vise à chapeauter les différents systèmes de certification nationaux de gestion des forêts. C'est le label le plus répandu à l'échelle mondiale en termes de surfaces de forêts certifiées (126 millions d'hectares) et de quantités de bois transformés. Le label PEFC repose sur une approche qui concilie les bénéfices sociaux, écologiques et économiques de l'exploitation forestière.

CONSTRUCTION EN BOIS

Le bois comme troisième peau n'a rien d'une nouveauté, les techniques et les styles par contre évoluent constamment. Encore récemment, en Suisse, le secteur des constructions en bois a connu une petite révolution: les nouvelles normes de protection contre les incendies permettent maintenant de construire des bâtiments en bois allant jusqu'à cinq étages, contre un seul auparavant! D'autres normes SIA (Société des Ingénieurs et des Architectes) concernant le bois ont été modifiées ou vont l'être. L'économie du bois bouillonne: alors que la part de marché de la construction en bois atteignait 2% il y a dix ans, elle s'élève aujourd'hui à 15% environ. Une nouvelle formation d'ingénieur en techniques et constructions en bois est dispensée à l'école d'architecture de Bienne. Enfin le prix d'une maison en bois devient plus attractif, notamment grâce aux constructions en éléments préfabriqués permettant le montage d'une maison complète en quelques jours.
Mais ce qui convainc le plus en matière de construction en bois, surtout quand on en est le futur habitant, ce sont les questions de confort, d'esthétique et d'écologie.
L'essentiel de l'énergie nécessaire pour disposer de produits en bois provient du soleil. En poussant, le bois absorbe en outre du CO2 qui restera stocké dans la matière tant que celle-ci n'est pas brûlée ou se décompose. Enfin le bois peut être recyclé pour entrer dans la composition de nombreux nouveaux matériaux utiles à la construction ou ailleurs. Son bilan écologique est largement meilleur que celui d'autres méthodes de construction, en particulier du ciment dont la production nécessite d'énormes quantités d'énergie. Les architectes qui privilégient le bois sont sensibles à cet aspect et intègrent dans leurs constructions d'autres moyens de diminuer l'impact environnemental et la dépense d'énergie de leurs constructions. Un tiers des maisons individuelles construites en bois portent ainsi le label Minergie contre 10 à 15% pour les maisons en dur.
Les avantages de confort sont notamment liés au fait que le bois, en tant que matière organique, permet un échange d'air et fonctionne comme un régulateur d'humidité. Utilisé de manière judicieuse, le bois assure donc un renouvellement naturel de l'air intérieur, tout en garantissant une excellente isolation thermique et sonore. Dans ces conditions, le bois d'intérieur ne nécessite en outre aucun traitement.
La Conférence suisse de l'économie du bois fournit une abondante documentation à ceux qui s'y intéressent, à travers son site (plus étoffé dans sa version germanophone) et ses publications (lien à la fin de cet article).

PARTICIPER A LA REFORESTATION POUR FERMER LA BOUCLE

En Suisse les forêts produisent plus de bois qu'on n'en récolte pour nos besoins de chauffage, de construction ou de transformation. La surface forestière a même tendance à s'agrandir un peu, ce qui est évidemment loin d'être le cas à l'échelle mondiale. Pour tenter de donner, une fois de plus, la mesure du rythme de destruction des forêts dans le monde, imaginons la chose suivante. Si toutes les machines et les petits bonshommes qui oeuvrent à la déforestation à travers le monde s'en prenaient à la Suisse au rythme où cela se passe ailleurs, ils anéantiraient les forêts du pays jusqu'au dernier arbre en pas plus de deux mois. La bonne nouvelle, si on peut l'appeler ainsi, est que même si ce bilan reste extrêmement alarmant, on observe un léger ralentissement. Il y a quelques années, les forêts suisses auraient succombé à notre équipe de défricheurs en un mois et demi.
Que faire face à une réalité aussi accablante et pourtant si difficilement palpable dans une région comme la nôtre? Privilégier le bois indigène et suivre les conseils énumérés ci-dessus. Mais il existe une autre piste pour manifester son engagement, même modeste: soutenir les projets de reforestation. En voici deux qui sont basés en Suisse mais oeuvrent, pour le premier au Brésil où la déforestation bat son plein, et le second en Afrique sahélienne où des mesures simples permettent de reboiser des régions menacées de désertification. Découvrez-les par vous même. Et à l'approche des fêtes pourquoi ne réinventeriez-vous pas le principe des cadeaux en faisant un don à une de ces organisations et en l'offrant symboliquement à une personne qui vous est chère.

Nordesta : www.nordesta.org
newTree : www.newtree.org/fr


Sources et liens:

Guide du bois WWF et liste de produits FSC:
http://www.wwf.ch/fr/lewwf/notremission/forets/fsc/boisguide/index.cfm
http://www.wwf.ch/fr/lewwf/notremission/forets/fsc/index.cfm

Labels:
FSC Suisse: www.fsc-schweiz.ch/index.php?lang=fr
PEFC: www.pefc.org

Plus sur les avantages de la filière du bois en termes de développement durable dans un dossier de quarante pages concocté par LaRevueDurable, numéro 17, sep-oct 2005, www.larevuedurable.com

Conférence suisse de l'économie du bois: www.lignum.ch