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NiceFuture > Select shop Une librairie pas comme les autresLa librairie Basta à Lausanne prospère depuis bientôt trente ans alors que, entre disparitions des commerces indépendants et guerre des prix menée par les grandes enseignes, la situation sur le sol lausannois apparaît préoccupante. Ces derniers mois ont été marqués par les épidémies. Il y a eu la grippe aviaire en Asie, la gastro-entérite et un virus dont on a peu parlé et qui s’est attaqué à des victimes bien particulières : les librairies. A Lausanne, ont fermé L’Age d’Homme et le Forum de la Coop ; et deux librairies religieuses – la catholique comme la protestante - sont en train de mettre la clé sous la porte. Etonnant et même inquiétant pour une ville qui se veut pôle universitaire et centre culturel. La principale raison de cette hécatombe réside dans la guerre des prix que se livrent les grands magasins du livre qui dominent le marché. Actions, remises, cartes de fidélité, cadeaux et animations s’enchaînent. Lorsque vous achetez un livre, on vous propose des places de cinéma, des remises sur une journée de ski, enfin tout et n’importe quoi. Si la concurrence apparaît féroce sur les prix, elle se montre beaucoup plus discrète en ce qui concerne la diversité des titres proposés. De quelque côté de la Place de l’Europe que l’on se tourne, les nouveautés du mois, les best-sellers à prix fous et les actions exceptionnelles concernent les mêmes parutions. Deux ou trois dizaines de titres se partagent les faveurs du moment et se trouvent mis en exergue de manière quasiment identique. Mêmes promotions, mêmes thèmes en vitrine et dans les rayonnages, on trouve les mêmes livres proposés et plus beaucoup de place pour les petits éditeurs indépendants, les petits tirages ou les ouvrages trop spécialisés. Que m’importe à moi consommateur, me direz-vous, pourvu que je puisse trouver ce qui me plaît au meilleur prix ? Eh bien, là aussi, le bât blesse. Les lecteurs de Suisse Romande payent beaucoup trop cher leurs précieux bouquins. La très grande majorité des livres disponibles en librairie proviennent de France où la loi oblige les vendeurs à respecter un prix fixe. Celui-ci se trouve inscrit au dos de la couverture, généralement sous l’étiquette aposée par le distributeur helvétique. Prenez votre machine à calculer, convertissez les euros en francs et vous verrez que la différence tourne autour des 30%. Bien sûr, les loyers et le personnel ont un coût plus élevé en Suisse et le prix français ne saurait s’appliquer ici. Néanmoins, certaines études ont chiffré les dépenses supplémentaires dues au coût de la vie helvétique à environ 15%. Un coup d’œil suffit pour comprendre que nous payons nos livres 15% trop cher. Où donc disparaissent-ils ? Pas dans la poche des libraires comme on pourrait le penser, mais dans celle des distributeurs, ces intermédiaires qui font la liaison entre les éditeurs parisiens et les libraires romands. Je ne vous ai peut-être pas encore convaincus, alors laissez-moi vous remémorer une petite anecdote qui met en lumière les pratiques de certains barons de l’imprimerie. Harry Potter, l’événement éditorial du siècle vendu à des dizaines de millions d’exemplaires, a commencé à connaître le succès grâce au bouche à oreille et au début, personne ne pensait que ce serait une telle mine d’or. Ainsi, les trois premiers tomes ont été traduits en français dans un format livre de poche coûtant entre 9 et 12 francs. Pour le quatrième tome, la série s’étant muée en phénomène de société international, la version francophone n’était disponible qu’en grand format au prix de 36 francs. En ce qui concerne le dernier volume, disponible lui aussi en grand format uniquement, il a été distribué au prix de 54 francs l’exemplaire. Mais peut-être que j'ai trop d’imagination et qu'il y avait d’excellentes raisons extérieures à toute notion de profit pour ne pas sortir ces ouvrages dans un format bon marché... Heureusement, certains commerces tentent de fonctionner différemment et parviennent à prospérer dans la région lausannoise. Avec un magasin situé à l’intérieur de l’université de Dorigny et l’autre sis à Chauderon, la librairie Basta est de ceux-là. Et pour nous la présenter, voici Véronique Kirÿ, qui a accepté de nous servir de guide. Alexandre Truffer
[01/03/2004]
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