Le film tellement attendu de Michael Moore Fahrenheit 9/11 est finalement sorti le 7 juillet dans nos salles. Primé ce printemps à Cannes, ce documentaire n'a cessé de faire parler de lui dans les chaumières et de créer la polémique. La controverse qu'il a engendrée a rempli les cinémas américains et le même phénomène risque de se produire chez nous, en Europe.
Ce film, destiné à contrer la réélection de G. W. Bush, s'ouvre d'ailleurs sur son élection chaotique et quelque peu douteuse de l’an 2000. S'ensuit une description tragi-comique de l'actuel président. Moore n'y va pas de main morte et nous le dépeint comme un parfait imbécile et un fainéant, incapable de réagir lorsqu'on lui annonce les attaques terroristes contre les tours. Le film nous expose aussi les relations qui existent entre la famille Bush et celle des Ben Laden, les Bush profitant des investissements saoudiens dans le pétrole texan. Le réalisateur nous montre aussi comment G. W. Bush a réussi à "légitimer" son intervention en Irak aux yeux de la population américaine et d'une partie de la communauté internationale et par quels moyens son administration a merveilleusement bien su faire croire qu'il existait un lien direct entre Saddam Hussein et Al Qaida. Finalement, le film se clôt sur des images très dures et choquantes de la guerre menée en Irak et sur les pleurs d'une mère qui a perdu son fils dans cette guerre atroce.
Même si le fond de ce film ne peut être contesté, à moins que l'on soit un fervent défenseur de la politique de G. W. Bush, sa forme laisse, elle, plus à désirer.
Ce "documentaire" narré par le réalisateur sur son ton habituel plein d'ironie et de dérision est tout de même dangereux et doit être regardé avec un œil critique. En effet, par juxtaposition d'extraits de discours et par un jonglage habile d'images, Moore parvient à nous faire croire ce qu'il veut. Démagogue et manipulateur, il nous façonne un portrait caricatural des Etats-Unis et parvient à des conclusions quelque peu hâtives. Par exemple, la famille Bush, entretenant des relations commerciales avec les Ben Laden, aurait en conséquence des relations avec Oussama. Gardons le sens des proportions et n'oublions pas que la famille saoudienne des Ben Laden est composée de centaines de membres et que tous ses membres ne sont pas des terroristes. Bien qu'il critique l'information biaisée divulguée par la chaîne Fox, Moore nous sert la même soupe où sentimentalisme et amalgames font bon ménage.
Ainsi donc je conseille à tous les futurs spectateurs de ce film d’avoir un regard vigilant et de ne pas boire comme du petit lait ces vérités toutes faites et de ne pas considérer ce film comme un documentaire mais comme une oeuvre subjective qui ne fait finalement qu'enfoncer des portes ouvertes.
