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Les Cités de l'Energie

INTERVIEW - Matthieu Chenal est le chargé de communication de 'SuisseEnergie pour les communes' en Suisse Romande. Il est bien placé pour nous expliquer les efforts entrepris en Suisse Romande à l’échelle des communes pour répondre aux objectifs de Kyoto et par là protéger l’environnement.

Encore mal connu du grand public et négligé par nos représentants politiques lors de l’octroi des crédits au niveau national, le programme SuisseEnergie pour les communes a, au delà des aspects idéologiques et écologiques, un impact bien réel sur notre qualité de vie à nous habitants et citoyens. Découvrez dans l’interview ci-dessous en quoi il consiste.

NiceFuture : Qu’est-ce que le programme SuisseEnergie ?
Mathieu Chenal
: C’est un programme de la Confédération qui a pour but de mettre en pratique les engagements que la Suisse a pris par rapport à Kyoto. Son objectif est de réduire considérablement les émissions de CO 2 sur le territoire suisse.
L’objectif principal est que d'ici à 2010 la Suisse réduise de 10% les émissions dues à la consommation d'énergies fossiles.

NF : Et qu’est ce que le programme ‘SuisseEnergie pour les communes’ en deux mots ?
M. C.
: C’est la partie de ce programme qui s’adresse plus spécifiquement aux communes afin de les encourager à appliquer ces objectifs généraux dans des applications très concrètes comme le domaine des énergies renouvelables ou celui de la mobilité. N’importe quelle commune suisse peut participer à ce programme quel que soit sa grandeur.
Du moment qu’une commune s’investit au niveau politique et financier dans une politique énergétique correspondant aux objectifs de SuisseEnergie, la confédération participe financièrement à cet effort.

NF : Quel est le processus pour une commune qui veut s’investir dans ce programme ?
M. C.
: Le programme accompagne les communes dans leur démarche avec deux niveaux de reconnaissance. En premier lieu, pour entrer dans le processus la commune doit devenir membre de l’association 'Cité de l'énergie'. Ceci lui permettra alors de bénéficier des outils, du savoir faire et des connaissances du programme ‘SuisseEnergie pour les communes’.
Ensuite, selon un catalogue de mesures, la commune devra faire un état des lieux de sa politique énergétique actuelle et définira avec l’aide de conseillers acrédités par SuisseEnergie un  programme d’action lui permettant d’obtenir, après sa mise en œuvre, le précieux label ‘Cité de l’énergie’. Ce label est reconnu non seulement en Suisse mais également en Europe pour sa qualité.

NF : Quel est le nombre de commune membre en Suisse romande ?
M. C.
: Il y a 210 membres de l’associations avec 58 membres en Suisse romande.
Et 110 communes ont obtenu le label en Suisse dont 14 en Suisse romande.
Précisons que potentiellement toute les communes membres visent le label et sont dans une démarche de politique énergétique.

NF : Mais concrétement, quels sont les sujets abordés par ces mesures, qu’est-ce qu’une ville devra modifier ?
M. C.
: Six domaines sont abordés dans la politique énergétique :
- L’aménagement du territoire, constructions
- Les bâtiments communaux, leurs installations
- L’approvisionnement, dépollution
- Le trafic
- L’organisation interne
- La communication, coopération

NF :  Peux t-on préciser ce que représente ce label ?
M. C
. : A partir d’un état des lieux de la politique énergétique de la commune, mis en place avec l’aide des conseillers formés par 'SuisseEnergie pour les communes', un objectif « idéal» de mesures optimales adaptées à la commune est fixé. Lorsque 50 % de cet objectif est atteint, la commune obtiendra le label « Cité de l’énergie ».
Pour obtenir le label, il n’y a pas de durée minimale ni de limite de temps. Ste-Croix  vient d’obtenir le label après cinq ans de travail de mise en place.
La vitesse d’acquisition du label dépendra de l’effort qu’elle y consacrera mais également de la politique énergétique qu’elle a déjà mise en place par le passé. Si, après un état des lieux on s’aperçoit que la commune a déjà mis en œuvre12% des mesures ou 40%, le travail à venir ne serait pas le même. Par exemple, Martigny a obtenu très rapidement le label car un énorme effort avait déjà été fait auparavant.
Ce label est remis en jeu tous les trois ans pour la commune.

NF : Est-on en avance ou à la traîne par rapport à l’Europe ?
M. C.
: Au niveau de la consommation d’énergie, on est ni meilleur ni moins bon. Dans le type d’énergie qu’on utilise, on est sûrement meilleur grâce à l’énergie hydraulique.
Par contre il y a de fortes différences au niveau de la politique des différents pays. L’Allemagne est en avant-garde et la France en retard.
Les mesures imaginées pour une meilleure politique énergétique sont les mêmes partout : création de pistes cyclables, traitement des eaux, soutien à des campagnes d’information, les idées sont globalement identiques.
Par contre, nous avons un atout avec notre label « Cité de l’energie » qui a inspiré et été repris en grande partie pour le nouveau label européen qui vient de se créer : le European Energy Award.

NF : Quel est l’intérêt pour le quidam que sa ville soit Cité de l’énergie ?
M.C.
: L’avantage principal c’est peut-être de se faire une idée et une vision du souci de sa ville pour l’environnement par le biais de l’énergie et des ressources en général. Ce label permet une vue d’ensemble des ressources d’une commune. Il lui offre surtout un outil pour travailler et avoir une gestion plus efficace de la ville. Si une ville applique toutes les mesures proposée, cela découlera sur une qualité de vie durable pour tous les habitants de celle-ci.

C’est aussi un plus pour l’emploi. Avec par exemple la construction, grâce au label Minergie. Cela favorise aussi un savoir faire des entreprises locales  qui se forment pour cela et le programme privilégie l’emploi local. Entretenir du travail sur place avec des emplois locaux est une des conséquences d’un engagement en tant que Cité de l’énergie.

C’est encore un plus sur le déplacement durable. Sécurité, pollution et qualité de vie sont améliorées!

Un dernier avantage : c’est plus de services de la commune pour ses habitants. En effet, une des mesures du programme est de mettre en place un service de conseil et d’information à la population autour du thème de l’énergie. Ce service doit être axé sur les besoins des gens. A Lausanne par exemple il y a un délégué piéton, un délégué vélo et un délégué énergie. Ces gens-là sont à disposition. (NDLR : je vous promets d’interviewer une fois Monsieur piéton et Monsieur Vélo….)

N.F. : Parlons chiffres. Combien coûtent tous ces programmes ?
M. C.
: La Confédération a mis à disposition sous forme de subventions un budget de 2,5 millions de francs par an. Ces 2,5 millions de francs engendrent des investissements de 40 millions de francs. Ceci car le canton ajoute souvent la même somme que la Confédération dans un projet. Les coûts se résument en général ainsi : 30% commune, 30% canton et 30% Confédération.
Et le programme génère 400 places de travail au niveau suisse.
Évidemment peu de gens sont engagées à 100%, ce sont plutôt des conseillers qui ont des mandats ponctuels.

NF : Pourquoi les petites communes ‘Cité de l’énergie’ ne sont pas plus nombreuses ?
M. C.
: Souvent les communes connaissent mal ce sujet.  Il faut qu’il y ait quelqu’un de convaincu au conseil communal.
C’est plus facile de s’y intéresser dans une ville de grande envergure où l’administration communale a une certaine marge de manœuvre. D’autre fois, pour entrer dans cette démarche, il faut que certains municipaux soient sensibilisés par des projets liés à l’énergie pour qu’ils se posent la question. Mais une fois que le premier pas est fait, en devenant membre de l’association, la commune acquiert un outil de gestion formidable, et un suivi personnalisé chaque année. C’est aussi un réseau d’expériences, d’information et de compétences acquises par d’autres communes, qui est mis à disposition.

NF : Donnez-nous un exemple de réalisation exemplaire que vous avez rencontrée dans votre travail ?
M. C.
: La commune de Vevey équipe systématiquement toutes les nouvelles constructions d’économiseurs d’eau. Etant propriétaire d’un immeuble locatif, elle avait décidé d’y intégrer des acqua-clic sur tous les robinets et les pommeaux de douche, et des chasses d’eau économiques. En 6 mois, elle a observé une baisse de 10% de la consommation d’eau et de gaz pour l’eau chaude sanitaire. Elle a donc amorti son investissement en 210 jours.

NF : En quoi le citoyen pourrait-il être actif pour convaincre sa ville / commune de devenir ‘Cité de l’énergie’ ?
M. C.
: En demandant simplement au conseil communal que la commune devienne membre de l’association. Si la commune est déjà membre, lui demander ce qu’elle fait, quel est l’avancement des démarches,  si il y a un délégué de l’énergie avec lequel on peut s’entretenir.

Barbara Steudler
[03/06/2004]

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