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D’un soi à l’autre

A bien penser aux virages, aux révolutions, aux bifurcations qui ont eu lieu, c’est au moment où continuer n’était plus supportable que s’est produit le tant espéré.

Le moment de fracture où ce qui provoquait le malaise et poussait au combat est devenu, dans un mouvement de recul, ce qui n’est plus tolérable. Quand le sentiment, s’étant retiré des enjeux, émet avec fermeté le point final, presque malgré soi. Soudainement tout est clair et simple. Pourtant combien de mois, d’années parfois, à vouloir que « ça » change, à tout faire pour ? Tous ces efforts, toutes ces obsessions, ces volontés, mais rien… Jusqu’à ce qu’un jour, à bout de forces, dégoûté de soi et de la lutte, on abandonne la partie. Et voilà que la métamorphose se déroule, seule, naturellement, spontanément. Sous nos yeux ébahis, ce qui semblait être plus fort que soi, ce qui vainquait chacune des batailles entreprises, déjouait chacune des astuces échafaudées, cet ennemi haït s’écroule de lui-même, quelques temps après qu’on lui fasse part de notre capitulation…

Comment dès lors envisager les nouvelles aspirations au changement qui refusent à nouveau de répondre à notre élan ? Dans quelle mesure la lutte est-elle nécessaire ou vaine ? Après coup, c’est l’affliction qui semble avoir joué un mauvais rôle. Ne pas y arriver et s’en vouloir… plutôt accepter de ne pas être encore prêt. Il y a déjà assez à souffrir de l’inconfort et du malheur qui font rêver d’autre chose…

Le changement est un long processus, un iceberg dont on ne voit que la pointe, un projet dont la réalisation saute aux yeux de la conscience et de l’environnement mais dont les plans et l’ouvrage restent dans l’ombre. Le changement est un morceau d’histoire qui dérange ses acteurs et ses spectateurs. Il fait rêver et enchante, mais mine et agace… Celui qui change est l’écran de tous ceux qui ne changent pas. Celui-ci portera toutes les projections, il devra s’en affranchir, libérer son changement de la peur et l’envie que les autres lui font sentir.

Celui qui n’arrive pas à changer est en chemin. Sur cette voie, il y a tant de silhouettes qui font peur qu’il prend son temps et qu’il fait bien, il fait comme il a besoin. Il est dur de changer, ce n’est pas une mince affaire. S’en souvenir allège l’errance et rend indulgent face aux difficultés d’autrui. Comprendre plutôt que juger.

Si changer était simple, c’est que nous ne donnerions pas tant d’importance à être ce que nous sommes.
Boris Dunand
[07/11/2005]



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