Aviez-vous à l'époque de l'ouverture de l'Atelier Oï en 1991, l'impression d'être des précurseurs? Pensez-vous avoir ouvert une voie?

Non, nous ne pensons pas avoir ouvert une voie. Par contre nous sommes convaincus que nous avons fait un bon choix dans un travail de team et une approche pluridisciplinaire alliant un rapport fluide entre les disciplines, les échelles et la matière. 

Le design et la durabilité, deux notions un peu antagonistes, non?

Il faut faire attention avec l'utilisation du mot design qui veut tout dire et rien dire. Quand nous abordons un nouveau projet, le plus important est de définir sa destination en fonction d'un contexte. Est-ce un objet éphémère ou qui devra durer (un post-it ou un marteau) ? Design ne veut pas dire uniquement beau et éphémère.


Quels sont vos clients? Quel est leur profil?

De par notre approche pluridisciplinaire, nous avons des clients très variés.
-Industries
-Villes
-Associations
-Musées
-Galerie d'Art
-Privés

Un point pour nous important et très positif, c'est que de plus en plus de clients qui viennent nous trouver connaissent notre manière de faire et notre philosophie. C'est fondamental pour le démarrage d'une collaboration d’apprendre à se connaître avant de travailler et surtout de se faire confiance.


En temps de crise, comment positionner le produit écologique auprès du grand public qui peut le percevoir encore comme un luxe?

C'est une question complexe, car dans cette période l'écologie est un mot qu'on utilise partout. C'est positif pour sensibiliser le public, mais beaucoup d'entreprises l'utilisent uniquement comme un outil marketing et sèment le doute. Le grand public est sensible à l'écologie, ainsi je ne pense pas qu'il se détournera des produits écologiques pour des raisons économiques. Par contre, il a besoins d'une information claire. On devrait probablement labelliser de manière européenne les produits. D’ailleurs, je me trouvais hier dans une conférence à Strasbourg sur l'éco-conception, à laquelle on parlait de créer un institut européen de l'éco-conception. Voilà peut-être une des actions à venir.

Comment voyiez-vous votre monde en 2050?

Je n'ai pas une vision très claire de 2050. Si j'observe ce que je vis aujourd'hui, j’imagine en 2050 des êtres humains toujours plus dysfonctionnels avec des outils toujours plus hyperfonctionnels. Désolé, c'est pas rose.



propos recueillis par Nadia Kara