NiceFuture – Quelles précautions peut-on prendre par rapport aux ordinateurs ?
Pierre Halter : La source principale de nuisances de l’ordinateur est le tube cathodique de l’écran, comme d’ailleurs pour un téléviseur. Heureusement c’est un écran qui tend à disparaître avec l’apparition des écrans plats LCD qui n’ont plus du tout le même taux de nuisances et de rayonnements. Je conseille donc de donner une préférence aux écrans LCD. De nombreuses personnes qui ont vécu ce changement en ont clairement perçu la différence. (ndlr : à l’interne, notre collaborateur « el maestro du design et de la programmation » peut en parler. Entouré auparavant de trois écrans cathodiques en permanence, il respire depuis que les écrans plats encadrent son visage, il a le teint plus clair et des fous rires plus fréquents :-) )
NF : Et quelle est l’impact de l’écran cathodique ?
P.H. : Son impact diminue avec la distance, ce qui justifie le fait de dire aux enfants de s’éloigner de l’écran de la télévision (à tube cathodique). Mais nous, on ne peut pas s’éloigner de l’écran d’ordinateur, l’impact sur nous de l’écran ne sera pas toujours identique, cela variera selon les modèles de l’ordinateur et selon l’emplacement du poste de travail. Le problème de rayonnement se retrouvera devant comme derrière l’écran.
NF : En situation professionnelle, constatez-vous une augmentation des problèmes liée à l’augmentation des ordinateurs ?
Pierre Halter : On ne peut pas affirmer cela. Les problèmes constatés ne sont pas proportionnels à l’accroissement du matériel informatique. Pour vous donner un exemple, j’ai constaté une fois une employée qui, dans son cadre de travail ou une perturbation électromagnétique avait été repérée, était entourée d’ordinateurs et d’une armoire contenant des serveurs qui ronronnaient bruyamment à côté d’elle. Et pourtant après une analyse, j’ai constaté qu’aucune nuisance ne provenait de tout ce matériel électrique. Il y’avait une cause de perturbation autre. Il est courant que l’on me dise : « mais on a un ordinateur » comme si cela justifiait le fait que l’on « trouve » une nuisance. Il faut comprendre que du moment que l’ordinateur est arrêté et qu’il n’est plus sous tension, il n’y a pas de problème.
NF : Et qu'en est-il des antennes relais émettrices pour téléphonies mobiles qui ponctuent notre paysage ?
PH : Je constate une zone perturbée et nette à une certaine distance des antennes. Cette distance variera selon l’urbanisation du lieu (terrain dégagé ou construit). Dans les immeubles situés à proximité immédiate, la gêne est flagrante. Cette gêne n’est pas forcément due directement à « l’émission » mais peut-être due à des parties conductrices de la maison qui captent et réémettent les émissions de l’antennes, ce qui permet de tenter des corrections visant à diminuer la perturbation des antennes. Il n’en demeure pas moins que la relation entre un habitat et une antenne de téléphone mobile est couramment gênante pour les occupants, même si ils n’ont pas de téléphones mobiles.
NF : Et que peut-on dire des innovations technologiques liées au sans fil telles que Wi-Fi ou le bluetooth ?
P.H. : De manière générale, il faut rester extrêmement prudent et faire attention à ces nouvelles générations d’appareillage sans fil telles que le Wi-Fi. Ces technologies permettent le « sans fil » mais le message doit quand même circuler d’une certaine manière. Il passe d’une façon « radio ». Et il charge l’environnement, il peut entrer en résonance et être amplifié par des parties de construction, agir en interaction avec des câbles électriques ou autres et devenir vraiment gênant. C’est très confortable de pouvoir se balader avec son ordinateur sans fil et d’être connecté à internet, mais c’est accentuer de manière importante le risque potentiel d’une perturbation !
NF : Et avec une oreillette connectée grâce à bluetooth au téléphone mobile, c’est pas terrible non plus ?
P.H. : Dans ce type de manière de faire, il y a deux paramètres. Le premier problème est lié à la gêne de proximité. La gêne « de proximité » du téléphone portable avec son émetteur est beaucoup plus forte que celle du mobile à l’oreillette. En effet la puissance est beaucoup plus grande de l’émetteur au téléphone. Néanmoins, dans cette échelle de valeur, il faut rester extrêmement prudent, peut-être y a t-il encore des problèmes de fréquences qui sont difficilement identifiables. Par principe de précaution, on devrait diminuer tous les risques au maximum, donc utiliser si possible un téléphone fixe, puis, si c’est nécessaire, utiliser le mobile avec parcimonie, et avec une oreillette à fil.
NF : Une grande tendance actuelle est d’équiper des quartiers entiers de Wi-Fi avec accès à internet, est ce que c’est dangereux ?
P.H. : On ne peux pas faire de généralité, mais il est vrai que, depuis vingt ans que je travaille, l’évolution technologique évolue. À l’époque il n’y avait pas de téléphone mobile, et pratiquement pas de téléréseau, ni d’antennes TV Satellite, donc les problèmes évoluent. À chaque nouvelle installation et arrivée de nouveaux appareils dans nos vies quotidiennes, on rencontre de nouveaux problèmes. C’est vrai que, par conséquent, on prend des risques. Et je crains quand même que ces nouveaux systèmes où l’on transmettra internet via le réseau électrique, la télévision via le réseau téléphone, ce qui commence à être le cas et être proposé en Suisse risque de poser des problèmes électromagnétiques importants.
