A/ LES QUESTIONS PERSONNELLES

Quelques trucs "bien-être/relaxation" que vous utilisez dans la vie de tous les jours afin de vous ressourcer ?
Je bois du thé, du thé vert chinois. Et j'essaie le plus possible de rire.

Un espace, un lieu qui évoque pour vous l'harmonie, un havre de plaisir dans lequel vous vous réfugiez occasionnellement ?
Le Bikini Test pendant les soirées rock, les concerts de punk, de gros métal, c'est vraiment des moments où je suis bien et dans lesquels je me réfugie.

Trois idées-valeurs que vous aimeriez inculquer à vos enfants ?
- Apprendre à discuter avant d'être con : d'abord apprendre à parler et à réagir à toutes choses avec intelligence, éviter les coups de gueule.
- Respecter le monde dans lequel ils vivent. C'est con, mais je crois que c'est vraiment un truc qui me paraît important.
- Qu'ils ne fassent que, et strictement que ce qu'ils ont décidé de faire, eux, dans leurs vies.

Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes ‘NiceFuture’ qui vous motivent ? (manger bio, placements éthiques, achats de proximité, déplacements, bien-être, jardinage, équité sociale, etc… tout ce qui a rapport de près ou d'un peu plus loin au développement durable)
J'essaie de faire gaffe de plus en plus aux habits que j'achète, par exemple. En général j'achète des sapes en seconde main. J'essaie aussi tant bien que mal quand j'ai un peu de pognon de le dépenser dans une région, chez les gens du coin, plutôt que d'aller mettre mon fric dans des grosses multinationales. J'ai pas de télévision, j'en veux pas, ce qui m'empêche pas d'avoir des jeux électroniques. Et puis j'essaie systématiquement de filtrer l'information qui vient des médias et de l'extérieur.

La consom'action, c'est une vision à laquelle vous adhérez ?
Le problème avec la consom'action en Suisse, c'est que c'est un sujet qui me mets dans une colère noire systématiquement. C'est un concept de mecs qui ont du blé. La consom'action, c'est joli quand t'as du fric. Moi je peux peut-être encore faire attention, mais la mère de famille qui vit seule, qui bosse à l'usine et qui a trois gamins, la consom'action, elle pourra jamais y faire gaffe. Voilà ma colère. La consom'action j'y fais gaffe, mais je trouve que c'est pas au point, voilà.

Comment voyez-vous le monde de demain ?
Je le vois de deux manières. D'un côté, négatif : je pense vraiment qu'on navigue dans un fascisme bien obsessionnel, que notre société est incapable de se nettoyer de sa mal-pensée. Tous les jours j'ai l'impression que le masque de la réalité et de plus en plus moche, les gens n'ont rien à foutre de l'autre, et je pense que ça ne s'améliore pas. Et en même temps, tous les jours et à tout moment, j'ai la sensation qu'il y a des gens qui essayent de faire des choses pour que le monde se passe mieux, mais qui font ça autour d'eux, dans leur quotidien proche. Donc si vous voulez, pour moi, il y a deux choses : d'un côté un monde qui est en train de partir en couille, on est en train de perdre des acquis sociaux que nos parents ont gagnés difficilement, et nos grands-parents pire qu'eux encore, on est en train de perdre une conscience du collectif et de la collectivité, et ça, ça me fait très très peur et j'ai l'impression que personne ne fait rien contre. Et en même temps, ailleurs, d'autres personnes font d'autres choses et peut-être qu'il y aura des îlots dans un futur proche qui seront tout à fait agréables à vivre, mais qu'il y aura un gros tas de merde autour avec lequel il faudra faire.

"Développement durable" : que signifie et qu'implique cette notion à vos yeux ?
C'est se poser la question maintenant de comment faire aujourd'hui tout de suite pour que dans le futur tout ce qu'on fasse nous permette et de continuer à fonctionner et à fonctionner mieux, non seulement pour soi-même mais dans un environnement général qui soit chaque fois meilleur.

Pour quelle(s) cause(s) seriez-vous prêt à vous battre ?
Je me bats pas contre, je me bats pour, le plus souvent. Je me bats contre le fascisme, et je commence à mettre ma geule pour les anti-faf'. Les anti-faf', c'est des gens avec qui je suis prêt à m'engager assez loin d'ailleurs, ça ne me fais pas peur. Je pense que je suis assez prêt à m'engager pour des causes sociales, contre la pauvreté notamment, qui me fout les boules ! Quand je vois une vieille dame en face de chez moi qui, l'air de rien, va faire les poubelles parce qu'elle n'a pas assez de thunes pour s'acheter à bouffer à la fin du mois, ça me révolte ! J'ai mis ma gueule au service d'un parti, là par exemple. Et puis au quotidien, je vais me battre pour le bien-être de gamins. Pendant des années, j'ai monté des projets avec des gosses et je continue à faire en sorte qu'il y ait des projets avec des gosses dans tout ce que je fais, du cirque gratuit, entre autres. Je me bats au quotidien pour la gratuité dans les projets que je fais, pour qu'ils soient accessibles au plus grand nombre. Pour que ce soit gratuit, mais jamais con.

Si vous vous reconvertissiez dans un métier de développement durable, lequel serait-ce ?
Educateur de rue.

Le stress, est-ce un mal qui vous est familier ?
Ouais, et de manière extrêmement présente, voire dangereuse...

A l'heure où les moyens de communication s'intensifient et se diversifient, avez-vous le sentiment que les gens se comprennent mieux pour autant ?
Non, je crois pas que ça change quoi que ce soit à l'entente entre êtres humains.

B/ LES QUESTIONS GLOBALES

Quels sont les événements marquants dans le monde qui vous ont touchés cette année ?
L'entrée de l'UDC en ville de Chaux-de-Fonds. Il y a une montée du fascisme dans tous les endroits où j'étais. A Bruxelles, j'ai assisté aux élections des régionales belges, on a vu l'arrivée du Front National de manière très très forte. J'étais avec pas mal de potes belges, j'ai trouvé ça très glauque. Je dirais que c'est ça : la montée de l'extrême droite, au quotidien.

Quelles sont les cinq personnes indispensables aujourd'hui pour que règne demain un "NiceFuture" ?
Personne. Je pense profondément que ce n'est pas une question de personnalités. C'est fini les personnalités. Un futur meilleur, des lendemains qui chantent, c'est de la responsabilité de Monsieur et Madame tout le monde. C'est à chacun de prendre sa responsabilité personnelle de son quotidien et de ce qu'il y a autour de lui, c'est ça qui changera le monde. Il n'y a plus personne qui sait diriger ce monde, il se dirige sans nous d'ailleurs.

Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour mettre en place "un monde meilleur" ?
La première chose que je ferais, ce serait d'essayer de soigner la connerie humaine.

Quelle est pour vous la problématique écologique la plus préoccupante à l'heure actuelle ?
Je suis actuellement très sensible au problème de la flotte potable. L'eau potable dans le monde, c'est un problème... ça semble horrible ce qui se passe actuellement. Il y a un autre problème écologique, c'est la race humaine. Il faudrait la sauver d'elle-même, parce que la nature elle s'en fout, elle va se tranformer sans nous, la pollution, elle s'en tape, elle survivra, mais nous on a plus de chance de survie là-dedans.

Est-ce que ces préoccupations vous influencent dans votre travail ? Et comment les appliquez-vous dans votre travail ?
Par exemple, pour l'organisation d'un festival, on va faire gaffe à tous les détails, notamment  on essaie de sensibiliser les gens avec qui on bosse sur la question du recyclage. On essaie de diminuer au fur et à mesure tout ce qui est polluant, on essaie d'utiliser énormément de la récup' qu'on va retravailler. On fait super gaffe aux déchets en général. Un truc auquel je fais vachement gaffe aussi, c'est au rapport à l'autre dans mon quotidien. C'est à dire comment je vais approcher la personne qui est en face de moi, ce que je vais lui dire et comment, et puis comment faire pour qu'un groupe fonctionne ensemble. Ça me paraît être la même problématique : traiter des déchets et traiter des groupes d'individus, ça suit la même logique de respect global, au fond.