NiceFuture : Quel a été votre plus grand moment de bonheur cette année ?
Romaine Jean : Le bonheur est un peu une tyrannie de notre époque. Je préfère les souvenirs, comme cette fête en octobre pour les 80 ans de mon père, les 50 ans de mon frère, les 40 ans de ma soeur et les 20 ans de notre fils. Un moment forcément unique ... et chacun en avait conscience.

N.F. : Votre truc « bien-être/relaxation » que vous utilisez dans la vie de tous les jours ?
R.J. : Le rire, qui remplace avantageusement le body building. Comme disait Pierre Desproges: "on peut rire de tout, même de la mort, elle ne se gêne pas, elle ..."

N.F. : Un espace, un lieu qui évoque pour vous l'harmonie, un havre de plaisir ?
R.J. : Les bistrots en général, certains bistrots de Sion en particulier.

N.F. : Un objet que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
R.J. : Si je devais déménager dans l' urgence, j'emporterai mes livres et mes albums photos. Pour mon testament, c'est encore un peu tôt !

N.F. : Une valeur que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
R.J. : La générosité, la légèreté, la curiosité et ... l'envie de vivre. 

N.F. :  Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes "NiceFuture" qui vous motivent ? (manger bio, achats de proximité, déplacements, bien-être, jardinage, équité sociale, placements éthiques, etc... tout ce qui a un rapport de près ou de loin au développement durable)
R.J. : Vous parliez de havre de plaisir et d'harmonie, il y a un endroit où je me rends tous les samedis:  la ferme de la famille Chollet à Meinier, où l'on pratique l'agriculture intégrée, cuit son pain, fait son huile. C'est du développement durable, sans ostentation. J'ai également  eu la chance de renconter l'équipe du Care à Genève, un îlot de d'humanisme rare.

N.F. : Consom'action, c'est une vision à laquelle vous adhérez ?
R.J. : Totalement, mais avec mauvaise conscience, car mes actes ne suivent pas toujours mes convictions. Je m'étonne que les politiques, en Suisse, s'appuient si peu sur la puissance d'action des consommateurs. Les Etats Unis ont, sur ce point, une longueur d'avance. On y met à genoux les cigarettiers ou y dénonce le travail des enfants, à coup de procès et de boycotts.   

N.F. :  Anticipez le monde de demain : vous le voyez comment ? Ce sera un monde plus égoïste ? Plus ouvert sur les autres ? Plus au moins éthique ? Pourquoi cette vision ?
R.J. : Je ne suis pas très optimiste. Il y a aujourd'hui une détresse matérielle et sociale énorme, même en Suisse.  Je ne pense pas que cette société là ait encore épuisé son cycle.  

N.F. : L'année 2005, une année faste pour vous ?
R.J. : Je suis heureuse. J'ai conscience que c'est un privilège rare qui peut très vite s'effacer.

B. Questions globales

N.F. : Quel est l'évènement marquant dans le monde qui vous a touché cette année ?
R.J. : L'exécution de Stanley Williams, en Californie, en cette fin d'année, malgré les pétitions  et les appels à la clémence. Et cette citation du gouverneur Arnold Schwarzenegger : "Rien ne pouvait justifier que je lui accorde la grâce". Rien vraiment ?

N.F. : Qu'est-ce qui vous révolte dans le monde d'aujourd'hui ? qu'est-ce qui vous
enchante ?
R.J. : On vit plus vieux, on voyage, on surfe sur le net,  le monde est à nos portes, c'est appréciable.  Mais les valeurs qui dominent sont pesantes: que faire lorsque l'on est ni beau, ni riche, ni connu et relégué à la StarAc ? je n'aime pas cette recherche perpétuelle de héros.

N.F. : Quelle serait l'innovation (technologique, de comportement, légale....) qui changerait la face de nos sociétés à votre avis ?
R..J. : Depuis la nuit des temps, l'homme est à la recherche d'un modèle de société plus juste. On ne peut pas dire que les choses aient  beaucoup avancé.  Ce qui me choque aujourd'hui c'est l'injustice absolue et sacandaleuse des rapports Nord-Sud.  Et on en est à concéder chichement quelques médicaments génériques pour les victimes du sida.

N.F. : Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour mettre en place «un monde meilleur» ?
R.J. : Demander l'adresse de la baguette magique. Elle existe vraiment ?

N.F. : Que souhaitez-vous en 2006 ? pour vous ? pour vos proches ?
R.J. : Beaucoup de fêtes !

N.F. : Quelle est votre bonne résolution pour 2006, si vous en avez une ?
R.J. : Comme chaque année, j'espère ne plus courir après le temps.. qui passe, forcément.

Propos receuillis par NiceFuture