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Interview VIP : Jacques Pilet

Membre de l’organe de la direction du groupe Ringier qui définit la stratégie des titres, Jacques Pilet est chef du groupe développement et chargé de concevoir de nouvelles publications, comme ce fut le cas pour Dimanche.ch, ayant vu le jour en 1999. Il fait aussi partie du conseil d’administration de Swissup. Il a lancé l’Hebdo en 1981, et le Nouveau Quotidien en septembre 1991.

A.     Questions personnelles 

NiceFuture :  Quel a été votre plus grand moment de bonheur cette année ?
Jacques Pilet:
Ma première ballade cette année avec ma petite fille Zoé, la main dans la main, au bord du lac ! C’était un très beau moment !

N.F. : Votre truc « bien-être/relaxation » que vous utilisez dans la vie de tous les jours ?
J.P. : J’aime bien me détendre… en regardant la foule défiler sur les trottoirs des grandes villes.

N.F. : Un espace, un lieu qui évoque pour vous l’harmonie, un havre de plaisir ?
J.P. :
Le lac de Sils Maria, en Engadine, sur ce plateau suspendu à 1800 mètres d’altitude, adossé à l’espace alémanique mais ouvert sur l’Italie. 

N.F. : Un objet que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
J.P. :
La montre que j’ai héritée de mon grand-père, une montre « oignon» qui se porte dans un gousset. Cela reviendra peut-être à la mode un jour !

N.F. : Une valeur que vous aimeriez transmettre à vos enfants ?
J.P. :
Le sens de la révolte, le goût de la justice et  du combat pour elle

N.F. :  Dans votre quotidien, quelles sont les attitudes "NiceFuture" qui vous motivent ? (manger bio, achats de proximité, déplacements, bien-être, jardinage, équité sociale, placements éthiques, etc... tout ce qui a un rapport de près ou de loin au développement durable)
J.P. :
Pour me rendre à Zürich, je prends le train plutôt que la voiture. Et puis le samedi matin, je me rends à la déchetterie du village pour trier mes déchets. J’ai beaucoup de plaisir, c’est un endroit très convivial ! J’y fais des rencontres inattendues avec les voisins !

N.F. : Consom’action, c’est une vision à laquelle vous adhérez ?
J.P. :
C’est vrai que j’ai toujours une réticence à acheter des biens manufacturés qui sont très bon marché, car je me demande toujours dans quelles conditions désastreuses ils ont été produits ! Mais je me méfie aussi toujours un peu d’une bonne conscience facile que l’on cultive comme un alibi personnel. Je crois profondément que ce n’est pas seulement au niveau des comportements individuels qu’on peut faire bouger les choses mais aussi dans un cadre plus global et plus politique. Il ne faut pas que l’action individuelle serve d’excuse à l’inaction politique !

N.F. :  Anticipez le monde de demain : vous le voyez comment ? Ce sera un monde plus égoïste ? Plus ouvert sur les autres ? Plus au moins éthique ? Pourquoi cette vision ?
J.P. :
Le monde a toujours été un mélange d’aspirations, un centre de rencontres et de conflits entre des élans contradictoires, entre l’esprit de domination, l’égoïsme et des aspirations plus altruistes et ouvertes. Et il en ira de même demain ! Je ne crois pas que l’avenir soit prédéterminé. Il sera ce qu’on veut bien en faire au fil des débats et des combats.

N.F. :  L’année 2005, une année faste pour vous ?
J.P. : Elle a été comme tant d’autres marquées, comme les autres, par des soucis et des satiusfactions. Professionnellement, elle m’a été utile en ce sens que j’entrevois mieux aujourd’hui comment mon  métier, journaliste, peut s’enrichir de la diversification sur internet.


B. Questions globales

N.F. :  Quel est l’événement marquant dans le monde qui vous a touché cette année ?
J.P. :
C’est la probable victoire de Michelle Bachelet à la présidence du Chili (interview effectuée le 13.12.05). C’est une femme dont le père a été torturé sous la dictature de Pinochet. Elle a été contrainte à l’exil et ce sera la première dame de ce pays que j’ai vu souffrir au temps de la dictature. Pour moi c’est un tournant historique qui engage ce pays et c’est peut-être aussi un révélateur d’un profond changement en Amérique latine. Je pense que ce tournant politique ira bien au-delà de ce continent. 

N.F. : Qu’est-ce qui vous révolte dans le monde d’aujourd’hui ? qu’est-ce qui vous enchante ?
J.P. :
Ce qui m’irrite,  c’est de voir la perte du sentiment de révolte chez les jeunes citoyens et citoyennes. Je sens beaucoup de détachement, de résignation, de distance désabusée par rapport à l’évolution de la société et du monde. Ce n’est plus « in » d’être révolté. Maintenant il faut être cool, détaché. Et c’est ça qui me révolte ! Et surtout cela se manifeste dans un pays  comblé à bien des égards mais où chaque jour nous aurions des petites ou grandes révoltes à exprimer!
Et ce qui m’enchante c’est de voir surgir la créativité là où on ne l’attend pas ! En explorant le cyber-espace, je découvre des gens de partout, d’ici ou d’ailleurs qui mettent en ligne des textes, des images qui parfois sont excellents et qui n’auraient jamais émergé sans cet instrument extraordinaire qu’est Internet !

N.F. : Quelle serait l’innovation (technologique, de comportement, légale....) qui changerait la face de nos sociétés à votre avis ?
J.P. :
Le plus grand défi serait technologique, au niveau des énergies alternatives. Indépendamment de la nécessité, dans laquelle nous nous trouvons, de remplacer le pétrole, je crois que la possibilité de développer des technologies nouvelles, inventives et décentralisées me paraît stimulante au plan de la créativité. Lorsque je vois pousser des éoliennes dans le paysage, malheureusement pas ou très peu en Suisse, mais en Allemagne par exemple, lorsque je vois les percées technologiques dans le domaine des panneaux solaires, je me dis qu’il y assez de vitalité dans l’espèce humaine pour répondre à tous les défis. L’homme finit par trouver des nouvelles réponses aux problèmes qui se posent. Cela me rend très optimiste ! Mais je trouve qu’à cet égard, alors qu’elle compte tant d’excellents scientifiques, la Suisse est très en retard ! J’en veux beaucoup aux personnes compétentes, en particulier au niveau fédéral, de ne pas être plus clairs et efficaces dans ce domaine.

N.F. : Si vous aviez une baguette magique, que feriez-vous pour mettre en place « un monde meilleur » ?
J.P. : Je n’aime pas l’idée d’une baguette magique. Je  souhaiterais plutôt que chacun trouve son propre outil pour changer la réalité autour de lui dans l’univers qui est le sien. Concrètement, si je peux contribuer à ce que les journaux soient un peu plus intelligents, stimulants et utiles, très modestement, dans mon coin, je serais très content ! La presse devrait être plus utils à la réflexion. Elle ne devrait pas se contenter, comme trop souvent, d’apporter de l’information brute. Car celle-ci est partout. A la radio, sur internet… Le problème est de savoir ce que l’on fait de cette information ! Elle devrait être utile au débat, à l’interrogation.

 N.F. : Que souhaitez-vous en 2006 ? pour vous ? pour vos proches ? pour le monde ?
J.P. :
Garder le même plaisir à exercer mon métier ! Pour mes proches, je leur souhaite surtout la santé. Et pour ce qui est des Européens, j’espère qu’ils réussissent à freiner le retour du nationalisme que l’on sent apparaître ici et là avec des accents de chauvinisme et d’intolérance.

N.F. : Quelle est votre bonne résolution pour 2006, si vous en avez une ?
J.P. :
C’est banal mais c’est ainsi : arrêter de fumer !

Propos recueillis par Lorraine Dufour

[20/12/2005]



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