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Paléo : Interview de Solartones

Groupe chaleureux de la région lémanique, Solartones aura proposé un rock lumineux sur la scène FMR du Festival. C'est une Tania Silversen rayonnante, chanteuse et auteure du groupe, accompagnée du guitariste et compositeur JC Beaulieu que nous recevons sur la Plaine de l'Asse.

NiceFuture : Comment te sens-tu à Paléo? C’est un honneur de venir jouer dans ce festival?
Tania :
Oui, on en parlait tout à l'heure avec JC. C'est vraiment une consécration pour nous. Paléo c'est à côté de chez moi et c'est quelque chose que tu regardes avec des grands yeux. Il y a tous mes artistes préférés qui passent là et tout d'un coup tu y joues! Enfin, un peu plus d'un coup! (rires) Ca c'est génial! Ca veut dire qu'on commence à faire partie du système, on commence à vraiment vivre notre passion. C'est le plus beau cadeau!

NiceFuture : L'année 2007 rime avec bonheur?
Tania :
Ca rime avec chance. Chance et bonheur aussi. Je ne suis pas du tout superstitieuse mais le 7 est un chiffre important pour moi. Cette année, Solartones fait des rencontres avec des gens vraiment super. On s'entoure des gens qu'on aime et on est en train de créer notre famille. C’est ce dont on avait besoin. Notre deuxième album «On the edge» vient de sortir et on commence à tracer notre ligne. 2007 c'est le début de quelque chose. J'ai 26 ans cette année. C'est le début, un peu comme Siddhartha (rires).

NiceFuture : Peux-tu nous décrire un espace qui pour toi évoque l'harmonie, la paix, un lieu où tu peux te réconcilier avec toi-même?
Tania :
J'ai habité toute ma vie en face d'un parc avec plein d'arbres que j'adore. Même dans tous les parcs en général, dès qu'il y a un arbre ça m'apaise complètement et je me sens bien. Ca peut être n'importe où, c'est ça qui est pratique finalement! Dès qu'il y a de la verdure, des arbres et la montagne aussi, mais ça ce n'est pas partout! (rires)

NiceFuture : Tu composes aussi dans ces lieux?
Tania :
Je compose partout. Ca vient quand ça vient. D'un coup tu parles à quelqu'un, tu es seul, tu médites, ça vient. Il n'y a pas d'endroits. Ca peut être en pleine ville, en pleine pollution. Des chansons de révolte ou même pas, d'amour profond aussi. En plus, je suis chanteuse, c'est un instrument que tu as tout le temps sur toi, avec lequel tu vis. C'est des histoires de tous les jours, de vivre dans le moment. Un moment tu es chanteuse, un moment tu es femme, un moment tu es Tania, un moment tu es star, un moment tu es moins que rien, un moment tu es pierre, un moment tu es arbre, un moment tu es tout! (rires) C'est génial!

NiceFuture : Est-ce que tu aurais un objet que tu aimerais transmettre à tes enfants ou à la génération future et qui te tient à coeur?
Tania :
Un objet non. Je ne suis pas dans l'attachement de l'objet. L'objet en soi il ne sert à rien, à part pour se protéger comme une maison, une voiture pour se déplacer, un habit pour être quand même bien habillé. (rires) Euh... Un objet... Oui! J'ai trouvé! Des livres et de la musique. Les bouquins ça te permet d'accéder à des sujets qui ne sont pas autour de toi. Tu peux être ici en lisant des bouquins qui viennent d'Afrique, d'Inde ou d'ailleurs sans besoin d'aller là-bas et il y a souvent des belles choses dans les livres. Tu prends ce que tu veux dans un livre, ce n'est pas quelqu'un qui te l'impose.

NiceFuture : Le monde de demain sera-t-il plus égoïste, individualiste ou au contraire plus ouvert?
Tania :
Je pense qu'il sera un peu comme il l'a toujours été. On est dans une phase où la nature a besoin de respirer. C'est un peu quitte ou double. Mais il y a énormément de très belles personnes sur cette Terre. On va avancer, continuer notre chemin. Il faut juste garder ce qu'on a en nous et être soi-même, se donner la possibilité de s'ouvrir, s'ouvrir l'esprit, s'ouvrir le cœur. Plus qu'avant le bonheur se fait au jour le jour même si maintenant on a nos conforts, de maison, de loyer fixe, de sécurité sociale... et encore il y a plein de choses à dire la-dessus. J'ai de la peine à me projeter dans le futur. Je le vois magnifique parce qu'aujourd'hui c'est magnifique! (rires) Aujourd'hui je rencontre de belles personnes. Oui il est beau mais après c'est clair qu'il y a plein de choses qui ne marchent pas, mais tu ne peux pas t'occuper de tout. On est que des humains, malgré qu'on ait une âme. Pour l’environnement, j'essaie tous les jours de faire attention, d'éteindre mon ordinateur, ne rien laisser en stand-by, utiliser le moins de lumière possible. Si je ne suis pas dans une pièce j'éteins. Et puis, j'ai fait beaucoup de camps avec des enfants et c'était souvent un des thèmes principal de mes camps, vraiment sensibiliser les jeunes au recyclage, à l'entretien de la nature. Pour l'instant je n'ai pas encore écrit une chanson la-dessus. Souvent on nous traite de kitsch : «Oui, d'accord, Peace and Love, vous voulez sauvez le monde! C'était la révolution des années 70!» Mais les mecs on est en plein dedans! Maintenant il faut de l'action! C'est vrai qu'il y a eu beaucoup de fumage. Un mélange entre sauver le monde et la drogue, alors qu'on est dans deux choses complètement différentes. Dans les médias il y a souvent un ton ironique, sarcastique même, et c'est dommage.
Là où on arrivera vraiment à changer les mentalités, c'est par les jeunes et les enfants. C'est là où tu rêves encore. La première fois que j'ai été sensibilisée à l'écologie, je devais avoir 8-9 ans. Je l'avais fait par les passeports vacances de la ville. C'était pendant plusieurs jours et c'était génial. C'est un long travail si tu dois toucher chaque individu. Et c'est aussi un travail sur soi-même de tous les jours, même si tu es fervent pour la nature!

NiceFuture : Si vous aviez une baguette magique, qu'est-ce que vous changeriez?
JC :
Les transports. Au lieu de passer le plus clair de mon temps dans la voiture pour mon groupe, je ferai les choses différemment. Ca fait juste 50 ans qu'on se trompe! S'il y avait de bons transports en commun je ne prendrais plus la voiture. Que je puisse mettre ma gratte et mon ampli  et me retrouver avec dans 200 km. Et si on pouvait faire ça avec des panneaux solaires, ce serait encore mieux! Des matins je me lève et j'ai l'impression qu'on est le chien qui se mord la queue. On fait des recherches pour trouver la dernière crème épilatoire qui ne laisse pas de traces et en même temps on ne met pas autant d'argent dans les biocarburant... Le coup de baguette magique servirait à virer du gouvernement 2-3 personnes bien établies qui font que ça ne changera jamais. A qui profite le crime et on saura qui il faudra virer. (rires)
Tania: Moi ça serait l'éducation. On ne peut pas rêver d'une éducation nationale pour tout le monde. On n’est pas des robots. On est tous différents. C'est idéaliste mais je pense que c'est applicable avec un autre système. On frustre des enfants à devenir des robots. Il faut des écoles qui éduque le cœur avant d'éduquer la tête. A côté des matières comme les mathématiques, la géographie, il manque de philosophie, de cœur, de créativité. C'est tellement important! Tu ne vas pas à l'école pour trouver un travail mais pour t'éduquer toi-même! J'ai été à l'école privée en Angleterre à l'âge de 9 ans pendant deux ans et on t'apprenait à apprendre. C'est la base! Dans mon école on faisait du théâtre, de la danse, beaucoup de sport. C'est génial pour connaître tes limites, pour connaître ton corps.
JC: Je pense que la spiritualité sans la forme ça ne marche pas trop. J'ai eu une éducation sans sport, plutôt zonard, glauque, France, banlieue, cité-dortoir. J'ai fait pas mal de bêtises et maintenant je me suis rééduqué pour me sentir bien. J'ai ouvert des bouquins, à 17 ans qui m'auraient fait un grand bien à l'époque. Je suis père de famille et j'espère que ma fille ne passera pas par là. L'éducation c'est le seul rempart qu'on ait. Les mauvaises habitudes c'est très dur à perdre mais les bonnes habitudes c'est facile à prendre!

NiceFuture : Pour quelle cause vous seriez prêts à vous battre?
Tania :
Toutes celles du cœur!
JC : Ce qui fait peur c'est que dès que tu es quelqu'un dans la société, qui paie des impôts, qui a une sécu, qui a des enfants et qui est marié, gueuler ça devient dangereux. Ca n'a pas beaucoup évolué. Dans les années Flower Power on pouvait être un hippie sans se faire spolier. Maintenant, c'est très dur de donner son avis, d'être rétrograde des fois, sans se faire traiter de facho ou de hippie. Moi, par exemple, je n'ai pas de portable. Je n'en veux pas. Maintenant que les gens puissent en avoir une utilité je peux comprendre, mais je me bats contre tous ceux qui l'utilisent juste pour dire: «Allô maman, t'es où?» ou alors «Chéri, qu'est-ce que je prends au supermarché?» Quand je sais ce que ça nous coûte au niveau santé et electricité! Les gens jettent leur vieux portable mais ça coûte beaucoup à la Planète à cause des composants indestructibles, qui sont juste des déchets. Mais être en guerre contre ça c'est être contre le commerce. Je crois que c'est Aldous Huxlay, qui a écrit «Le meilleur des mondes», qui a dit que cette génération de jeunes, donc nous, va être une génération d'esclaves. La seule différence c'est qu'ils vont aimer leur esclavage, qui bouffent des patates pour se payer une bagnole, qui la pètent le premier mois parce qu'ils se sont bourrés au Macumba et qui à vie vont manger des patates pour la payer. Parce que la télévision leur a dicté d'en avoir une belle. On devient esclave de ces choses, de la télé ou des fringues parce que si on ne ressemble pas à ça on n'est pas calculé dans la société. Quelque part on aime ça. Moi je passe souvent pour un vieux con. Quand on discute entre amis, au début on parle musique, tout va bien, et après on va dans le concret... (rires) Après même ma femme me dit: «Molo, chéri!» Des fois le dimanche, on passe la matinée en buvant un café à parler de tout ça avec ma femme et on est un peu dépité de ce qu'on a vu. Elle est beaucoup dans la société, elle a un travail mais elle a les mêmes impressions. On est cette génération entre «1984» et «Le meilleur des mondes».

NiceFuture : Dans votre musique il y a aussi cette forme de combat?
Tania :
Je n'aime pas dire combat. Nous on est apolitique. C'est avant tout pour ouvrir les gens au niveau personnel. La musique est subtile et passe par des endroits dont on n’est pas forcément conscient. Pourquoi il y a des groupes qu'on adore et que dès qu'on les voit sur scène il y a quelque chose qui se passe? Et que quand on sort d'un concert, on se sent plus fort? On sent juste l'énergie de vouloir changer le monde. Quand tu fais un concert il y a plein de gens comme ça qui viennent t'écouter. Et tous ces gens qui seront venus à ton concert, qui auront eu cette énergie, ce sera un nouveau souffle.
JC : Il n'y a pas un combat à proprement dit mais il y a quelque chose de sous-jacent derrière, un peu aigre-doux.

NiceFuture : Une dernière question. Si vous étiez un élément, vous seriez lequel?
JC :
L'air je pense. Quand je m'ennuie c'est toujours ça que je regarde. (rires)
Tania : Moi c'est l'eau, parce qu'il y a la profondeur dans l'eau.

NiceFuture : Et si vous étiez un animal?
Tania :
Une fée! (rires)
JC : Je crois que je serais un oiseau... Si j’étais un animal, je serais Christoph Blocher! (rires)

Michel Annese & Michel Daucher

[22/08/2007]



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