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L'Islande, un pays qui dès demain sera 100% propre grâce à l'hydrogène

Le gouvernement islandais a décidé de convertir ce petit pays dynamique à l’hydrogène. L’objectif devrait être atteint au milieu du siècle. A ce moment, les seules émissions de combustibles fossiles de l’île seront celles provenant des avions atterrissant à l’aéroport international de Reykjavik.

Plus rapprochée du Groenland que du continent européen, l’Islande est un petit pays tranquille qui ne fait pas beaucoup parler de lui. Avec moins de 300'000 habitants, on ne peut pas vraiment le considérer comme une puissance économique majeure. Néanmoins, soumis aux contraintes d’un climat rigoureux, les habitants de cette terre boréale ont appris à transformer leur isolement en indépendance.

A l’instar de la Suisse, l’Islande a refusé de faire partie de la Communauté Européenne. Mais alors que notre «élite» dirigeante semble avoir passé les douze dernières années à se désoler du résultat des urnes, le gouvernement islandais a décidé de considérer leurs particularités comme des atouts. Depuis 1999, il a décidé de transformer le pays en une société exclusivement basée sur l’hydrogène.

Le territoire de l’Islande se situe sur une zone de friction entre deux plaques tectoniques, l’eurasienne et la nord-américaine. Ce sous-sol mouvementé est la cause de la forte activité volcanique de l’île qui se traduit, entre autres, par l’abondance de geysers et de sources thermales. D’où le surnom de terre de glace et de feu fréquemment donné à l’île.

L’histoire énergétique du pays commence en 874, lorsque des Vikings, sous la conduite de Ingolfur Arnarson, décident de s’établir sur cette île déserte. Dès lors, durant plus de 800 ans, la population utilisera uniquement le bois et la tourbe comme moyen de chauffage. Au XVIIIème, les premières importations de charbon marquent les prémices de l’ère industrielle. Un siècle plus tard, les combustibles fossiles liquides font leur apparition. L’absence de ressources pétrolifères indigènes et les coûts élevés de transport favorisent la généralisation de l’énergie hydroélectrique dès le début des années 1900. Au vu de la géologie locale, la géothermie apparaît comme la solution la plus indiquée. Lorsque la technologie devient disponible, soit vers 1940, l’Islande se tourne immédiatement vers cette énergie renouvelable.

Aujourd’hui, la presque totalité des besoins de chauffage, de même que la demande électrique, sont couverts par la géothermie. Toutefois, le problème des carburants n’est pas résolu. Le parc automobile du pays s’avère considérable. Etant donné la faible densité de la population, chacun, ou presque, possède une voiture. En outre, la pêche constituant la première ressource de l’île, la flotte consomme une partie conséquente des carburants fossiles importés.

Afin de limiter les émissions de CO2, l’Etat a lancé un plan pour une société «hydrogène». Cela qui consiste à remplacer tous les véhicules à essence par des véhicules à hydrogène d’ici à 2050. Le projet comprend une phase de démonstration avec quelques véhicules expérimentaux, puis l’introduction graduelle de véhicules propres dans le parc automobile et dans la flotte, l’objectif étant de parvenir à une société « hydrogène» au milieu du XXIème siècle.

Depuis 1999, des bus à hydrogène circulent dans la ville de Reykjavik en ne relâchant dans l’atmosphère que de la vapeur d’eau. La période d’expérimentation, comprenant également la construction de station de stockage et de distribution, arrivera à son terme à fin 2005. Ensuite, les entreprises de transports publics de l’île vont petit à petit remplacer leur parc de véhicules par des autocars et des bus fonctionnant à l’hydrogène. Bientôt, la phase de test pour les voitures particulières va débuter.

Si l’hydrogène ne génère pas de polluants après utilisation, il nécessite par contre une énergie considérable pour sa fabrication. En effet, il faut plus de pétrole pour produire de l’hydrogène destiné à une voiture propre qu’il n’en faudrait pour faire rouler cette même voiture. Le problème se trouve donc simplement déplacé. C’est là qu’intervient l’atout principal de l’Islande: les énergies renouvelables. Les experts considèrent que le pays n’exploite que le 1% de ses capacités géothermiques et moins de 10% de ses possibilités hydroélectriques. Il a donc toutes les cartes en main pour créer des usines de production d’hydrogène capables non seulement d’assurer les besoins indigènes, mais aussi de fournir des quantités industrielles à l’exportation.

En effet, le gouvernement islandais espère pouvoir rapidement exporter sa technologie comme il l’a fait pour la géothermie. De plus, il pense devenir un producteur important d’hydrogène dans quelques dizaines d’années et se voit comme le «Koweït écologique du nord». Et puisqu’une dizaine de villes en Europe essaient actuellement des bus à hydrogène, cet espoir pourrait bien prendre forme.

A l’heure où, en Suisse, les réflexions sur l’écologie se limitent à savoir s’il vaut mieux instaurer une taxe chère ou une taxe moins chère, l’exemple islandais devrait donner à réfléchir. Si nous ne possédons pas de capacités géologiques semblables à celles de l’Islande, nous avons cependant une ressource particulièrement utile et inexploitée : la formation et la compétence de nos chercheurs. Cette inventivité helvétique a produit des projets révolutionnaires comme la Serpentine ou Swissmetro. Pour notre malheur, ils dorment profondément au fond des placards et nous en sommes réduits à regarder les audaces des autres…..
Alexandre Truffer
[03/03/2005]

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